Les Dernières heures – Avis +

Présentation de l’éditeur

Mois de juin de l’an 1348 : une épidémie monstrueuse s’abat sur le Dorset et décime peu à peu les habitants. Nobles et serfs meurent par milliers dans d’atroces souffrances.

Quand la pestilence frappe Develish, Lady Anne a l’audace de nommer un esclave comme régisseur. Ensemble, ils décident de mettre le domaine en quarantaine pour le protéger.

Bientôt, les stocks de vivres s’amenuisent et des tensions montent car l’isolement s’éternise. Les villageois craignent pour leur sécurité lorsqu’un événement terrible menace le fragile équilibre. Les gens de Develish sont en vie, mais pour combien de temps encore ? Et que découvriront-ils quand le temps sera venu pour eux de passer les douves ?

Avis d’Emmanuelle

Quoi de plus alléchant comme thème que la Peste noire, la bubonique, celle qui a décimé près de 50 % de la population européenne au Moyen-âge ? Minette Walters qui s’adonnait jusqu’à présent à l’écriture de thrillers, se lance désormais dans le roman historique (et crade). L’intrigue est simple : un village tente de survivre à l’épidémie en se coupant du monde extérieur, enfermé dans l’enceinte du château.

C’est aux heures les plus sombres que les hommes se révèlent. Sir Richard, le maître du domaine, est gras, illettré, stupide, vantard et violent. Il est le premier à succomber à la peste noire. Cette maladie, dont on ne sait rien alors, peut tuer en quelques heures. Se soigner autrement que par des prières est considéré comme hérétique à une époque où l’hygiène est quasi inexistante. Lady Anne prend alors la tête du domaine et impose des règles incongrues qui vont pourtant sauver les serfs.

L’auteure s’est mise à l’histoire en jalonnant son texte de termes moyen-âgeux (sans pour autant utiliser le phrasé, exercice assez périlleux pour les néophytes), d’indices sociologiques et anthropologiques riches en enseignements. La relation des serfs envers leurs seigneurs est particulièrement développée, d’autant plus que l’un des personnages principaux voit son rang s’élever soudainement.

Malheureusement, les personnages sont pour la plupart des stéréotypes : la fille mal élevée caractérielle, la maîtresse de domaine courageuse, intelligente et irréprochable, le héros sombre et torturé. On pourrait passer outre ces facilités, si l’auteur ne revenait sans cesse à la description de leurs personnalités.

Les dernières heures est le premier tome d’une saga médiévale où l’intrigue démarre sur les chapeaux de roues, mais qui tourne en rond par la suite. 528 pages denses à engloutir difficilement d’une traite. Il n’y a que peu de développements (un meurtre par-ci, un pillage par là) et le suspense s’en trouve amoindri.

Le lecteur, tout comme les serfs enfermés au château, attendent de voir ce qu’il va se passer. La patience est mise à rude épreuve, mais la richesse des connaissances engendrées sur cette période à peine exploitée de l’histoire vaut le détour.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 528
Éditeur : Robert Laffont
Sortie : 19 septembre 2019
Prix : 22,50 €