Les Contes noirs du golf – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

C’est parce qu’il a été un piètre joueur de golf –  » le plus détestable que le monde ait porté  » – que Jean Ray a écrit les Contes noirs du golf. Par vengeance. Il y reprend, bien sûr, tous les thèmes de sa mythologie personnelle : les univers intercalaires, la déchéance des dieux, l’envoûtement, la magie noire…

C’est en décembre 1952 que Jean Ray, traversant de graves difficultés, commence sa collaboration avec la revue Golf. Comme souvent, il y est poussé pour des raisons prosaïquement alimentaires : malgré le succès de La cité de l’indicible peur et de Malpertuis, quelques années plus tôt, l’écrivain est toujours en mal d’argent. La fortune que connaît alors P. G. Wodehouse (l’auteur de Jeeves) dans les pays anglo-saxons lui a donné des idées, d’autant plus qu’il n’existe pas d’auteur  » golfique  » de cet acabit parti les écrivains de langue française.

Mais Jean Ray n’en reste pas moins Jean Ray. Son solide sens de l’humour – comme en témoignent ses contes les plus noirs – se manifeste d’emblée dans le petit monde des greens et des club houses. Il prend plaisir à s’inspirer d’un mystérieux Code du jeu de golf pour en tirer une interprétation toute particulière des règles, des parcours et des  » accidents  » du terrain – mot qu’il faut bien sûr entendre à double sens.

Pour parler des joueurs et de leur univers  » il faut suivre, écrit-il, la méthode des auteurs qui fouillent l’état-civil de leurs personnages jusque dans les anciens registres de sacristie, décrivent les fauteuils où ils font leur somme, et les paysages formant cadre à leurs petits chiens au cours de leurs vagabondages « . Et dans les sacristies du golf se cachent, évidemment quelques diables : du caddie au bénitier, et inversement, il n’y a qu’un pas. Les titres de ces récits maléfiques, cruels et truculents valent à eux seuls programme : Le mystère du Dip Club, La balle de l’Engoulevent, Le septième trou… À quoi s’ajoutent des parodies de Jean de La Fontaine et de prétendues  » vieilles chansons golfiques  » qui feront les délices des amateurs de pastiche.

Avis de Gérard

Collaborateur à la revue Golf, mais piètre joueur de ce sport, Jean Ray se venge en publiant 25 petites nouvelles. Pour le reste, je pensais que toutes ces nouvelles contenaient tout ce qu’il faut pour créer le frisson : meurtres, spectres, parfois les deux, dans un style qui n’appartient qu’à lui.

Ainsi, nous retrouvons des tragédies amoureuses dans 72 holes… 36… 72, Seul dans le Club House et Mademoiselle Andrée Froget, de la sorcellerie dans La Balle de l’engoulevent, des fantômes dans Les Links hantés et La Chance des aigles blancs

Il nous décrit un golf à l’ancienne, exclusivement anglais, avec ses clubs-houses, son aristocratie britannique, ses codes hermétiques… L’ensemble se lit très facilement, mais tous les textes décrivent une atmosphère étrangère et datée où un lecteur sans connaissances de ce milieu ne peut pas s’y retrouver sans l’utilisation du lexique judicieusement fourni.

Néanmoins, on ne ressent pas les frissons annoncés. Le fantastique se fait rare et l’ensemble des récits pourra paraître pour certains indigestes. Connaissant Jean Ray pour son style, sa verve et son imagination, grâce à ses romans Malpertuis ou La cité de l’indicible peur, on a le sentiment qu’il réussit moins à nous accrocher dans un format plus court. Il nous est difficile d’y entrer.

Mais la lecture peut s’apprécier grâce notamment à une nostalgie de jeunesse des textes de Harry Dickson.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 271
Editeur : Alma Editeur
Sortie : 7 juin 2018
Prix : 18 €