Leonardo Live – Avis +

Le 16 février a eu lieu au cinéma Gaumont-Pathé de Lyon Vaise, et dans de nombreux autres cinémas d’Europe, la diffusion de « Leonardo Live ».

Il s’agissait de faire profiter au plus grand nombre de l’exposition sur Léonard de Vinci, actuellement exposée au la National Gallery de Londres. C’est la plus grande exposition sur ce grand homme jamais organisée. Mais les places ayant été toutes vendues depuis des mois, il ne restait que la solution d’une visite « virtuelle ».

Certes, on se rend au cinéma avec la pensée omniprésente « j’aurais tant voulu y être en vrai !« . Mais là où on pensait que la diffusion de cette exposition sur écran était un moindre mal, on va se retrouver devant une heure et demie d’un spectacle absolument merveilleux.

Arrivés un peu en avance, on patiente devant un quizz en rapport avec Léonard de Vinci et la Renaissance italienne, le tout sur fond de musique médiévale (composée par Richard Durand, dont vous pouvez retrouver les œuvres sur You Tube).

La salle se remplit petit à petit, et finira pleine aux trois quarts. Le public est majoritairement âgé. Une très bonne ambiance règne ici : on échange à propos des questions, de la musique, de l’évènement… Et enfin, la projection commence. Comme c’est du direct, les sous-titres sont légèrement décalés, mais ça ne gêne pas la compréhension.

L’exposition concerne l’époque que Léonard de Vinci a passé à la cour de Milan. Il y est entré à seulement 17 ans, engagé par Ludovico Sforza, qui s’intéresse peu à l’art mais comprend qu’un réel artiste auprès de lui augmentera son prestige. Les deux hommes ne s’apprécient guère et se livre à des petites piques incessantes : Léonard finit rarement ses oeuvres et n’honore pas ses commandes. Le duc ne le paye donc pas et pour se venger, l’artiste finit encore moins.

L’exposition est divisée en sept salles. On y découvre des œuvres rares, qui parfois n’avaient jamais quitté le musée d’origine où elles avaient été exposées. Les tableaux viennent de Paris, de New York, de Pologne, d’Italie…

Le directeur de l’exposition, N.G. Nicholas Penny témoigne que cela a été un vrai cauchemar, un énorme défi et qu’il aura fallu beaucoup de diplomatie pour arriver à se faire prêter autant de tableaux d’une si grande valeur.
Les présentateurs demanderont à ce directeur pourquoi il a organisé cette exposition, alors qu’il est connu pour décrier les événements grand public qui amènent beaucoup de monde.

Il répond que Léonard de Vinci est un artiste populaire mais malgré tout méconnu. Il espère que cette exposition fera réfléchir les visiteurs sur la continuité de l’influence de cet artiste intemporel.

En effet, Léonard de Vinci était non seulement peintre mais aussi musicien, ingénieur, physicien, anatomiste, cavalier, architecte… Mais aussi homosexuel (interdit par la loi à Florence, ce qui explique qu’il ne travaillera jamais dans cette ville) et végétarien. Il avait une soif d’apprendre irrépressible, ce qui explique qu’il se soit autant diversifié, mais aussi qu’il ne finissait que rarement son travail. Un esprit pour le moins avant-gardiste dans un monde où même l’art était jusque là très codifié.

En effet, jusqu’alors, les portraits ne se peignaient que de profil, mais Léonard va bousculer cette règle en peignant de trois-quarts. Cela donne une intensité et un relief au visage qu’on atteignait pas avant.

Les deux choses les plus appréciables dans cette visite d’exposition par écran interposé ont été le fait que de nombreux intellectuels ont pu exposer leur point de vue sur les œuvres (quel dommage par contre que la présentatrice, inutile au possible, ne cessait de les interrompre pour faire des remarques stupides) mais aussi de voir les dessous de l’exposition, son « making of« . Nous avons pu découvrir comme le curateur a choisi d’exposer les oeuvres à une place et pas à une autre, le travail de l’encadreur, des coursiers en Art…

Ainsi, les deux tableaux La belle Ferronnière et La Dame à l’Hermine ont été placés face à face, d’un bout à l’autre d’une salle. Il semble que les deux dames se dévisagent et les regards prennent alors une dimension particulière : il est probable que ces deux femmes se détestaient de leur temps, et cette haine se retrouve parfaitement avec les deux tableaux qui paraissent se regarder. Il est probable que jamais ces tableaux ne soient trouvés à proximité, pas même du temps de l’artiste, mais cet agencement apporte une dimension vraiment intéressante.

D’autres peintures très connues sont exposées : Le repas de Cène, les deux versions, côte à côte, de La Vierge aux rochers, et surtout, un tableau récemment retrouvé et jamais exposé jusqu’ici : le Salvator Mundi, une représentation du Christ pour le moins intrigante.

Nous avons été comblés et ravis d’avoir eu le privilège de découvrir cette fabuleuse exposition, et espérons que d’autres musées auront l’excellent idée de reproduire cette initiative.