Le Roman de Sissi – Avis +

Présentation de l’éditeur

Qui s’attend à trouver, derrière la figure rose bonbon de Sissi impératrice, une femme moderne ? Une esthète férue de poésie, une grande cavalière soucieuse de sa silhouette, une rebelle fascinée par les révolutions ? Elle aimait la Hongrie dont elle fut sacrée reine, et haïssait la Cour de Vienne dont elle fuyait les fastes aux quatre coins de l’Europe. Elisabeth Reynaud révèle la véritable dimension d’Elisabeth d’Autriche, qui ne craignit pas d’offrir à son époux, l’empereur François-Joseph, une maîtresse, et perdit son fils Rodolphe, suicidé à l’âge de 31 ans.

À travers les journaux intimes de ses dames d’honneur, de sa nièce, la comtesse Larisch von Wittelsbach, de son répétiteur grec et de sa fille Valérie, ressort le portrait d’une Sissi méconnue, d’une grâce, d’une fragilité et d’une force peu communes, sans oublier un humour ravageur. La récente publication de ses écrits permet de vibrer à l’unisson d’une âme exigeante et tourmentée, qui écrivit des pages étincelantes sur la folie, la cause des peuples et l’amour, le plus fascinant étant celui qu’elle partagea avec son cousin, le roi Louis II de Bavière.

Avis de Claire

Quand on évoque la célèbre Sissi, difficile de ne pas penser à Romy Schneider, l’actrice qui a sublimé ce personnage à l’écran. Mais attention, si c’est bien Romy Schneider en Sissi qui est sur la première de couverture, ce n’est pas dans le rôle édulcoré des films de Ernst Marischka, mais dans celui, beaucoup plus tragique, de Ludwig – Le crépuscule des Dieux, réalisé par Luchino Visconti.

Le ton nous est donc donné, la vie de l’Impératrice n’a jamais été un conte de fées. Si l’on commence bien par une belle histoire d’amour, l’auteur insiste beaucoup sur le fait que l’Empereur était fou de sa femme, la vie de Sissi n’est cependant qu’un long chemin de croix, ou presque.

Comme beaucoup de princesses (on pense en particulier à Marie-Antoinette), elle est projetée trop jeune dans des responsabilités et des devoirs qui ne conviennent pas à sa nature indépendante (et trop moderne pour son époque). Mariée à son cousin germain, elle n’en a pas moins une horrible belle-mère, la propre soeur de sa mère si aimante, qui n’aura de cesse de la briser…

Son amour pour son mari, Elisabeth Reynaud s’interroge pourtant sur les véritables sentiments de Sissi (qui aura aussi ses coups de cœur), et pour ses enfants, ne suffira pas à la maintenir hors de son état constamment dépressif.

Nous apprenons quantité d’anecdotes passionnantes, comme l’amour inconditionnel de l’Impératrice pour ses chevaux, sa collection de photos des plus belles femmes du monde, sa fascination pour la folie, son fier attachement à la Hongrie et l’existence d’une rivale (encouragée par Sissi elle-même) dans le coeur de l’Empereur. Le destin, ô combien terrible, de son fils tant aimé Rodolphe (qui a inspiré le drame Mayerling) nous est remarquablement narré dans un récit poignant.

Jusqu’au bout, Sissi devra lutter, trop rebelle, trop insoumise, comme un roseau dans le vent. Elle trouve pendant un moment la solution, du moins le croit-elle, des voyages, des fuites et des séjours loin de Vienne jusqu’à s’étourdir. Quand vient la chute, elle ne peut être que fatale, mais aussi romanesque, pas étonnant pour une si brillante étoile.

L’Impératrice d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohème, meurt assassinée à Genève sous la lame effilée d’un poinçon (de ceux dont se servent les menuisiers). La douleur est vive pour son entourage. L’Empereur François-Joseph, qui lui survit, dira « Nul ne saura jamais combien j’ai aimé cette femme« .

La biographie de Elisabeth Reynaud est prenante de bout en bout, elle réjouira les amateurs de la belle Impératrice et permettra aux novices d’apprendre une quantité de détails sur l’histoire de l’Europe, en particulier sur l’Autriche et la Hongrie. Nous pouvons juste regretter l’absence d’un arbre généalogique des différents protagonistes, ce qui aurait permis de mieux comprendre les enjeux des alliances entre la famille d’origine de Sissi, les Wittelsbach et la branche régnante des Habsbourg-Lorraine.

Nous avons noté également que le livre est élégamment dédié par l’auteur à son fils, mais aussi à David, le fils de Romy et à Rodolphe, celui de Sissi, tous deux morts dans des circonstances tragiques.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 266
Editeur : Editions du Rocher
Sortie : 21 octobre 2010
Prix : 19,90 €