Le Misanthrope – Avis +

Présentation officielle

Une fougue contre la trahison, contre les gens de la cour qui font et défont les réputations. En opposant à la vanité du monde l’amour absolu d’Alceste pour Célimène, Molière exprime une intransigeance, un idéalisme qui défieront le temps. Une pièce décrite par ses contemporains comme  » le portrait du siècle « , un chef d’oeuvre.

Faut-il fuir ce que l’on exècre et se retirer du monde ? Ou sommes-nous condamnés à composer avec nos semblables ?

Le Théâtre Libre accueille pour son premier lever de rideau théâtral, une rencontre exceptionnelle entre cette oeuvre magistrale, d’une saisissante modernité, et la vision d’un Maître, Peter Stein, au sommet de son art.

Avis de Claire

Alceste déteste l’hypocrisie. Il se fait fort de ne jamais céder à la complaisance, au compliment trop facile. Il prétend même haïr le genre humain en général. Pourtant, il s’émeut de la beauté d’une coquette, une jeune veuve de vingt ans, Célimène. La courtisant, jalousant ses autres prétendants, il contredit sans s’en rendre compte ses principes. D’autre part, il ne laisse pas insensible l’amie de Célimène, Arsinoé, ainsi que la sage Eliante.

Satire morale, Le Misanthrope ressemble aussi à un chassé-croisé amoureux, où tel est séduit qui croyait résister. Alceste est amoureux de la belle Précieuse, laquelle a des sentiments pour lui autant qu’elle aime badiner, notamment avec Oronte, rival déclaré d’Alceste. Eliante, la cousine de Célimène, a le coeur qui flanche vers le misanthrope, mais est aimée de Philinte, le seul ami d’Alceste.

Quand les cartes du jeu de l’amour et du hasard sont rabattues, les masques tombent et les corps se rapprochent. Seuls Célimène et Alceste, trop francs, trop entiers, trop clairvoyants, mais chacun à sa manière, bien différente, finiront dans la solitude. L’amour n’est pas toujours la réponse à tout, et ne suffit pas à réunir des esprits qui s’aiment.

Paru en 1666, Le Misanthrope résonne plus que jamais dans notre société du paraître, du plaire et du faire-semblant. Étonnamment moderne, la pièce bénéficie du regard extérieur du metteur en scène allemand Peter Stein, qui a choisi une scène minimaliste, faite de miroirs qui renvoient l’image des spectateurs dans la salle. Sommes-nous donc tous des hypocrites ?

Si les décors misent sur la simplicité, les costumes au contraire en révèlent beaucoup sur les personnages. Les fanfreluches et les couleurs voyantes des prétendants de Célimène, la mise modeste en pastel d’Eliante, l’allure d’une duègne espagnole d’Arsinoé jusqu’à la tenue austère d’Alceste, tous les vêtements contribuent à catégoriser les personnages pour mieux mettre à jour leur âme.

Nouveau nom, nouveau spectacle. Le théâtre Comedia devient le Théâtre Libre, et accueille pour fêter cela, cette sobre mise en scène de Peter Stein, qui marque aussi le retour de Lambert Wilson sur les planches parisiennes. Celui-ci s’empare avec une jubilation visible de ce personnage tout en ambiguïté. On se réjouit de la présence à ses côtés de Manon Combes, dans le rôle d’Eliante, qu’on avait adorée dans Les Petites reines.

Fiche technique

Adresse : Théâtre Libre, 4 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris

Téléphone : 01.42.38.97.14

Mise en scène : Peter Stein

Avec : Lambert Wilson, Jean-Pierre Malo, Hervé Briaux, Brigitte Catillon, Manon Combes, Pauline Cheviller, Paul Minthe, Léo Dussollier, Patrice Dozier, Jean-François Lapalus, Dimitri Viau

Tarifs : de 59 à 39 euros

Séances : du mardi au samedi à 20H, samedi et dimanche à 16H