Le Consentement – Avis +

Editeur : Grasset

roman de Vanessa Springora

Présentation de l’éditeur

Au milieu des années 80, élevée par une mère divorcée, V. comble par la lecture le vide laissé par un père aux abonnés absents. À treize ans, dans un dîner, elle rencontre G., un écrivain dont elle ignore la réputation sulfureuse. (…)
Derrière les apparences flatteuses de l’homme de lettres, se cache un prédateur, couvert par une partie du milieu littéraire. V. tente de s’arracher à l’emprise qu’il exerce sur elle, tandis qu’il s’apprête à raconter leur histoire dans un roman.

Avis de Nadia

Il est toujours difficile de commencer la lecture d’un livre pareil, le lecteur ne peut s’empêcher de ressentir une espèce de malaise, comme s’il entrait par la petite porte et était témoin du calvaire enduré par l’auteure. Car ici, c’est plus qu’un moment de sa vie que nous raconte Vanessa Springora, c’est l’histoire de sa vie et c’est sous un déroulé chronologique qu’elle nous la présente, de sa petite enfance à l’âge adulte.

Avec un père absent et une mère un peu désabusée par la vie, la jeunesse de la jeune V. démarre assez mal. Elle échappe à la violence de son père en allant vivre avec sa mère dans un petit appartement parisien où elle pense pouvoir construire un quotidien normal. Mais un soir, lors d’un dîner où sa mère l’emmène, elle croise le chemin d’un homme pas comme les autres, un véritable prédateur qui n’est pas sans ignorer qui est elle, son âge ainsi que sa fragilité, aussi bien physique que psychologique.

Et l’homme que nous dépeint Vanessa Springora n’est autre qu’un célèbre écrivain qu’elle nommera G, un homme de lettres connu et reconnu qui va profiter de sa prestance et de ses bons mots pour enrouler sa toile autour de la toute jeune fille de quatorze ans.

L’histoire du consentement dont nous parle Vanessa Springora est bien plus complexe qu’une simple histoire de vouloir ou ne pas vouloir. C’est un récit sans langue de bois qui ne tombe jamais dans la vulgarité crasse dont a fait preuve G. dans tous ses romans.

A l’heure où l’on nous parle de faire la différence entre l’homme et l’artiste, l’auteur a décidé de casser les tabous, et de présenter aux yeux du monde la véritable nature de cet homme que beaucoup ont encensé à une certaine époque. Cet homme qui se vantait dans ses livres comme sur les plateaux télés de séduire les moins de seize ans, garçon ou fille. Et elle l’avoue, elle la première, et du haut de ses quatorze ans, il est parfaitement compréhensible qu’elle n’était pas assez mature pour comprendre que cette relation était avant tout immorale et destructrice. Et comme elle le dit si bien « Les écrivains sont des gens qui ne gagnent pas toujours à être connus. »

Ce livre est marqué par la pudeur avec laquelle l’auteur nous décrit son adolescence, elle l’amoureuse d’un homme de trente-six ans son aîné, nous laisse parfois sans voix. Mais elle nous donne surtout une leçon de vie, car il faut énormément de courage pour se raconter comme cela, laisser le lecteur entrer dans les détails de sa vie affective et sexuelle.

C’est une belle victoire pour Vanessa Springora, une façon pour elle de prévenir, de montrer que cela n’arrive pas qu’aux autres et que, malheureusement, cela arrive encore aujourd’hui, partout dans le monde.


Fiche Technique

Format : broché
Pages : 216
Editeur : Grasset
Sortie : 2 janvier 2020
Prix : 18 €