Lancement du premier Prix Tignous

Tignous, son rire, son génie de la couleur et de son trait précis, sa gentillesse, son engagement, « le petit gars de Vitry qui n’avait pas oublié qu’il était ce petit gars de Vitry », la soirée est revenue sur l’homme, sur le dessinateur. Empli d’émotion, le lacement fut également une preuve de résistance. La mémoire, les choix de Tignous vont perdurer grâce à ce prix, mis en place par des personnes qui l’aiment.

La soirée s’est ouverte avec le discours de monsieur le Maire, Patrice Bessac, qui a rappelé l’attachement de Tignous à sa ville de cœur. Il est revenu sur l’importance des caricaturistes. « Présents dans tous les combats politiques, depuis trois siècles, ils ont bravé toutes les censures : morale, religieuse et politique. Le dessin vaut mille discours.« . Ce prix est une réponse collective et militante pleine de sens.

Joseph Macé-Scaron, très ému, a rendu hommage à ce Total, Têtu, Teigneux Tignous. Ce dernier a laissé un grand vide au sein de la rédaction de Marianne. « Ce prix est pour que plus jamais les dessinateurs qui défendent la liberté soient seuls. Cette solitude, qui a accompagné les dessinateurs de Charlie ne doit plus exister« . Le rédacteur de l’hebdomadaire a terminé son allocution avec une note de colère, en faisant référence à Valentin Feldman, qui avant sa mort au Mont Valérien a dit à ses bourreaux « Imbécile, c’est pour vous que je meurs« .

« Tignous n’est pas une victime. Il aurait pu dire cela avec tous les morts de Charlie Hebdo. Seule l’absence porte la présence. Tignous, putain, t’es parfaitement présent.« . Ce prix existe grâce surtout à une femme, Chloé Verlhac, l’épouse de Tignous, qui a clôturé la présentation du prix en présentant le Jury.

Si le prix a été lancé au cinéma le Méliès, c’est pour pouvoir diffuser le dernier projet sur lequel Tignous avait impulsé. Ses fameux pandas prennent vies. Pandas dans la Brume, c’est quinze épisodes d’1 minute 40, huit comédiens pour les doublures, réalisés par Thierry Garance et Juan Rodriguez sur la musique de Tryo.



Le prix Tignous du dessin de presse politique francophone est ouvert à tous les dessinateurs professionnels de plus de 18 ans ayant publié dans la presse francophone au cours de l’année 2016. Pour concourir, les artistes doivent envoyer leur dessin entre le 1er février et le 30 avril 2017. Une statuette, représentant un des personnages dessinés par Tignous – a reçu durant le lancement son nom «Bonhomme à Gros nez – sera remise au lauréat. Ce bonhomme à gros nez était un des personnages préférés de Tignous. Quand on lui demandait pourquoi il le dessinait, il a répondu : « On dessine toujours ce que l’on a au fond de soi et moi, je suis un bonhomme à gros nez« .

Parallèlement sera décernée une bourse Tignous à un jeune artiste de Montreuil. Il s’agit d’un concours de dessin (toutes techniques) autour du thème Arts et cultures en liberté. Ce concours est ouvert à tous les jeunes de Montreuil, âgés de 18 à 25 ans et sera récompensé d’une bourse d’un montant de 1 000 €. Le jeune lauréat bénéficiera aussi d’un accompagnement artistique et ses œuvres seront exposées au Centre d’art contemporain de Montreuil, Le 116, pour la saison 2017-2018.

Les prix seront décernés lors d’un événement qui se tiendra au printemps 2017, à l’issue des délibérations du jury.

Le jury est composé de[[le choix des dessinateurs s’est porté sur des proches de Tignous, ceux qui l’on côtoyé, travaillé, étudié avec]] :

– Chloé Verlhac, présidente,
– Jy, Faujour, Gros, Aurel, Catherine et Besse (dessinateurs)
– Alexie Lorca, adjointe au Maire de Montreuil en charge de la Culture.
– André Ciccodicola (journaliste)
– un ou une jeune montreuillois(e) désigné(e) chaque année par la ville

Désormais avec ce prix, chaque année, on se souviendra que l’amour est plus fort que la haine.

Crédit photo : Ingrid Etienne