La dernière conquête du major Pettigrew – Avis +

Présentation de l’éditeur

À Edgecombe St. Mary, en plein coeur de la campagne anglaise, une tasse de thé délicatement infusé est un rituel auquel, à l’heure dite, le major Ernest Pettigrew ne saurait déroger pas plus qu’à son sens du devoir et à son extrême courtoisie, aussi désuète que touchante, qui font de lui l’archétype même du gentleman anglais.

Dans ce petit village pittoresque où les cottages le disputent aux clématites, le major a depuis trop longtemps délaissé son jardin. Désormais veuf, il a pour seule compagnie ses livres, ses chers Kipling, et quelques amis du club de golf fuyant leurs dames patronnesses. Ce n’est guère son fils, Roger, un jeune londonien ambitieux, qui pourrait le combler de tendresse.

Mais, le jour ou le major apprend le décès de son frère Bertie, la présence douce et gracieuse de Mme Ali, veuve elle aussi, va réveiller son coeur engourdi. Tout devrait les séparer, elle, la petite commerçante d’origine pakistanaise, et lui, le major anglais élevé dans le plus pur esprit britannique.

Pourtant leur passion pour la littérature et la douleur partagée du deuil sauront les réunir. Ils vont, dès lors, être confrontés aux préjugés mesquins des villageois, ou le racisme ordinaire sévit tout autant dans les soirées privées, sur le parcours de golf, à la chasse, sur les bancs de messe que dans les douillets intérieurs. Et les obstacles seront pour eux d’autant plus nombreux que leurs familles s’en mêlent…

Avis de Claire

Pour son premier roman, l’anglaise Helen Simonson, installée aujourd’hui à New York, effectue une sorte de retour aux sources. Si l’on peut reprocher à son roman d’amasser les clichés (la campagne anglaise édulcorée, les bonnes manières à l’extrême, l’ambiance collet-monté, le choc des cultures, l’humour pince-sans-rire…), ces derniers sont avant tout les instruments d’un style particulièrement drôle et élaboré.

Son écriture fluide, riche en détails – souvent un adverbe, un adjectif suffit à donner le ton d’une phrase et à l’habiller d’une petite touche savamment caustique – est plus qu’agréable, et nous entraîne sans peine dans le sillage de ce Major pas comme les autres, dont on suit les pérégrinations morales et amoureuses sans se lasser.

Seule, l’intrigue secondaire sur le neveu de madame Ali, la dame de toutes les pensées du Major, apparaît un peu trop artificielle, et entache le récit de quelques longueurs dont on aurait pu se passer. Mais on ne s’en formalise pas, tant la puissance de cette histoire d’amour hors normes séduit.

Car il faut prendre ce roman pour ce qu’il est réellement, une subtile histoire d’amour, à priori impossible, entre deux êtres que tout sépare, en priorité la raison et les préjugés, mais certes pas les sentiments. Un petit bijou so british !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 539
Editeur : 10/18
Sortie : 2 mai 2013
Prix : 8,80 €