La suite…
Elle n’avait pas souri et avait répondu d’un ton complètement absent. Elle était comme sur ses gardes, ce que Nassë pouvait comprendre, si cela faisait des jours, voire des semaines qu’elle était emprisonnée. Il n’osait pas penser que cela avait pu durer plus. Mais les humains étaient capables de tant de cruauté…
Deux d’entre eux firent leur apparition à ce moment. Ils interpellèrent Nassë et le sommèrent de s’identifier. Le Pince se leva, et malgré sa peur latente, déclara en se tenant bien droit :
– Je suis Nassë, le prince héritier des royaumes boisés du Sud.
En entendant l’elfe dire son nom, Lossëa ressentit un sentiment qui l’avait abandonnée depuis bien longtemps : l’espoir. Un personnage aussi important, il allait être recherché ! Et par extension, ils la trouveraient elle aussi. Non pas qu’elle veuille être recueillie par une cité elfique, c’était hors de question. Mais elle reverrait le soleil, les champs, les rivières et surtout, les arbres. Elle n’avait plus grand chose à espérer de son existence. Elle pourrait errer de par le monde et gagner sa vie en tant que mercenaire ou maître d’armes quand elle aurait besoin de quelques sous.
Le bruit de la grille qui grinçait la fit sortir de sa rêverie. Les deux hommes chuchotaient entre eux sans quitter le prince des yeux.
Ils avaient visiblement décidé de le garder en vie, afin de demander une rançon. Si elle en avait eu l’énergie, elle leur aurait rit au nez. Une rançon… Ils connaissaient décidément bien mal les elfes. Mais les hommes continuaient à avancer vers elle. Elle ne prit même pas la peine de se lever. Ils la saisirent et l’emmenèrent de force avec eux. Les protestations énergiques de Nassë n’y changèrent rien.
Ils refermèrent la grille sans que Nassë puisse intervenir. Il se précipita derrière eux mais ne put que saisir à pleines mains les barreaux sans voir où ils emmenaient Lossëa. Il frappa le mur de colère et de dépit. Il se laissa tomber au sol et réfléchit.
Qui était-elle ? Elle ne lui avait certes livré que son nom mais peut-être que d’autres éléments pouvaient lui servir. Ce dont il était sûr déjà : elle s’appelait Lossëa. Pour autant qu’il s’en souvienne, il n’avait jamais entendu ce nom et ne sauvait pas le traduire.
Elle venait donc d’un lieu qu’il n’avait jamais visité : Il n’était pas un grand voyageur et avait donc peu quitté sa forêt natale. Le renseignement n’était pas d’une grande aide. Toutefois, elle lui avait répondu dans la langue commune des elfes.
Elle la comprenait donc et ne venait évidemment pas d’une peuplade isolée et renfermée. Pour autant que sa géographie fut fiable, cela restreignait les possibilités aux déserts du Sud ou aux Zones montagneuses du Nord. Et vu qu’elle avait les cheveux noirs, elle devait plutôt venir du Nord. Du Vaste Nord. Impossible d’être plus précis.
Tout à ses réflexions, il ne put s’endormir, d’autant que la faim commençait à le tenailler. Il lui sembla que plusieurs heures s’écoulèrent avant que les geôliers reviennent enfin. Ils déposèrent sans douceur Lossëa sur le sol.
Elle était si fatiguée… Elle n’en pouvait plus. Elle voulait que cela cesse. Qu’ils la tuent, et qu’elle sombre, enfin. Mais elle savait qu’elle leur était précieuse et que seul un accident provoquerait sa mort.
La suite la semaine prochaine…