La Voix secrète – Avis +

Présentation de l’éditeur

Durant l’hiver 1835, sous le règne de Louis-Philippe, alors que Paris est rongé par la misère et les attentats, la police enquête sur un tueur d’enfants. Tous les indices orientent Allard, chef de la Sûreté, vers le célèbre poète et assassin Pierre-François Lacenaire.

Incarcéré à la Conciergerie, celui-ci passe ses journées à recevoir des visiteurs et à rédiger ses Mémoires en attendant de passer sous la guillotine. Un autre crime se produit, révélant davantage de similitudes avec ceux commis jadis par Lacenaire. Allard décide alors de le solliciter dans l’espoir de résoudre au plus vite cette enquête tortueuse.

Entre le policier et l’assassin s’instaure une relation ambiguë, faite de respect et de manipulation, qui les entraînera tous deux dans les coulisses d’un Paris mystérieux et violent.

Avis de Valérie

Le règne de Louis-Philippe est rarement le sujet d’incursion de héros de la littérature. Il serait sûrement intéressant de se demander pourquoi, mais ce qui l’est bien plus est de se plonger dans cette enquête policière écrite de main de maître par Michaël Mention.

Il a choisi pour personnage principal un condamné à mort célèbre, le dandy assassin Pierre-François Lacenaire. Mais pas seulement ! Grâce à un système de narration brillant, il nous plonge également aux côtés de Pierre Allard (chef de la Sûreté) et dans une moindre mesure avec Louis Canler, son subordonné. Chacun possède sa personnalité et très rapidement, on passe de l’un à l’autre sans jamais se tromper.

Bien sûr, on est séduit par la prose de Lacenaire. C’est fou comment l’auteur réussit sans fausse note à donner vie à ce personnage. Nous avons en la possession de chaque librairie ses textes qui sont parvenus jusqu’à nous. Michaël Mention insère des citations avérées à ses dialogues et des déductions, et on s’y croit totalement !

De plus, l’époque comme le contexte donne une résonance très actuelle. Lacenaire a tué par provocation (et par besoin) pour dénoncer l’hypocrisie des bourgeois qui s’enrichissent sur le dos des pauvres qu’ils asservissent. C’est un révolutionnaire dont les propos rencontrent des idées de justice, de droits et de devoirs d’aujourd’hui.

Si Allard, et dans une moindre mesure Canler sont suffisamment riches pour ne pas craindre la faim ou le froid, on navigue dans les bas-fonds de la capitale où la pauvreté atteint des sommets. Un meurtrier en profite pour enlever et tuer des enfants, les décapitant et exposant les corps dans des endroits visibles par tous.

La presse s’empare de ce fait divers qui rentre en collision avec les tentatives des républicains pour faire tomber Louis-Philippe. Après la Révolution et la Terreur, la monarchie a repris le trône et les bourgeois qui avait aidé l’avènement de la constitution des droits de l’homme apprécient maintenant trop leur confort pour le risquer pour des moins-que-rien.

Alors que certains s’étendent des pages durant pour esquisser une ambiance, l’auteur y arrive parfaitement en quelques mots. Notre lecture est fluide, rapide mais pas superficielle. Et on se régale, que ce soit, car on aime les romans policiers historiques, les reconstitutions d’époques révolues ou les héros flamboyants qui ont réellement existé.

On en vient à regretter la dure réalité qui fait qu’on ne peut changer la destinée ou le passé… cette fatalité qui nous prive d’autres aventures avec Lacenaire, guillotiné comme il l’a tant souhaité l’année suivante !

Fiche Technique

Format : poche
Format : 240
Editeur : 10 X 18
Collection : Grands détectives
Sortie : 5 janvier 2017
Prix : 7,10 €