La Servante écarlate – Avis +

Présentation de l’éditeur

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred,  » servante écarlate  » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Paru pour la première fois en 1985, La Servante écarlate s’est vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde. Devenu un classique de la littérature anglophone, ce roman, qui n’est pas sans évoquer le 1984 de George Orwell, décrit un quotidien glaçant qui n’a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés. La série adaptée de ce chef-d’oeuvre de Margaret Atwood, diffusée sous le titre original The Handmaid’s Tale, avec Elisabeth Moss dans le rôle principal, a été unanimement saluée par la critique.

Avis de Claire

Récit d’anticipation glaçant, ce roman de Margaret Atwood, étonnant de modernité, a été écrit en 1985, alors que l’auteur était en résidence à Berlin Ouest. Comme elle l’explique dans sa préface, la romancière canadienne s’est inspirée de faits qui ont eu lieu à un moment ou à un autre quelque part sur la planète (on pense notamment à la dictature roumaine sous Ceauscescu). Aujourd’hui, son récit semble également vibrant de réalité. Notre planète souffre de conditions climatiques catastrophiques, la stérilité des couples est devenu un problème de santé publique, et la place des femmes est loin d’être idéale, même dans nos sociétés occidentales.

Dans La Servante écarlate, nous sommes plongés au coeur de la société « parfaite » de Gilead, une théocratie qui rend l’homme tout-puissant, et qui asservit la femme au simple rôle de génitrice, qu’elle soit fertile ou non. Les femmes sont réparties dans différentes castes. Elles peuvent être de milieu modeste et donc à la fois épouses, génitrices et cuisinières pour leur famille. Elles peuvent être femmes de commandants (celles-ci ont la particularité d’être toutes stériles) et se voient attribuer une « servante », dont l’unique rôle sera d’être fécondée. Les « Marthas » sont de simples servantes au service des riches. Les femmes plus âgées sont des « Tantes » chargées de mettre au pas les servantes. Reste une dernière caste, la pire, celle des « non-femmes », qui finissent à la décharge à trier des déchets toxiques.

De bout en bout, le récit nous est raconté par la voix unique de Defred, ce n’est pas son vrai prénom, chaque servante se doit en effet de prendre le prénom de son maître. Nous faisons ainsi connaissance avec Dewarren, Deglen… chacune a son histoire, chacune a eu une vie avant, un mari, des enfants, des amis… La jeune femme, dont le quotidien est une horreur absolue, porte un regard sans concession sur la société pervertie dans laquelle elle a été projetée. Aucun espoir, aucune échappatoire possibles. Son seul réconfort : penser à sa vie d’avant, s’accrocher à ses souvenirs, pour ne pas oublier qui elle est…

On comprend que ce récit nous touche particulièrement en 2017. Margaret Atwood, dont le parti-pris hyper-réaliste, fait résonner des voix dissonantes et dissidentes, nous livre un roman qui fait froid dans le dos. En nous résonne en écho l’avertissement laissé par Simone Veil, «N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant».

Fiche technique

Format : poche
Pages : 544
Éditeur : Robert Laffont
Collection : Pavillons poche
Sortie : 16 novembre 2017
Prix : 12,50 €