La Chair de sa chair – Avis +

Présentation de l’éditeur

L’amour maternel est infini dit-on…

Moira O’Donnell, derrière le feu des boucles rousses et l’énergie inépuisable, est une femme qui lutte pour garder la tête hors de l’eau. Ce sont trois gamins livrés à eux-mêmes et autant de boulots cumulés pour les nourrir. Ce sont des pères absents : le premier est incarcéré pour longtemps, croit-elle, et le second s’est suicidé.

C’est la solitude d’une mère de famille dure au mal qui se bat, tombe et renaît. Pour ses enfants. Et avec eux. Chaque semaine, elle achète un ticket de loterie en rêvant à une vie meilleure. Mais les services sociaux ont d’autres projets pour elle…

Avis de Thérèse

Même si Claire Favan aborde dans beaucoup de ses romans la question des relations familiales, et c’est encore le cas dans La chair de sa chair, elle sait chaque fois se renouveler et nous proposer de nouvelles situations bouleversantes, de nouveaux drames. Elle situe aussi régulièrement ses histoires aux Etats-Unis et cela permet cette fois d’aborder la question du système judiciaire américain, notamment face aux mineurs.

Le destin n’a jamais fait de cadeaux à Moira, il semble même décidé à s’acharner sur elle. Après une enfance malmenée dans une famille instable, elle se retrouve à quinze ans enceinte de Bo. C’est un petit dealer qui, curieusement, décide de ne pas l’abandonner, mais la considère à la fois comme un objet sexuel, une domestique et un punching-ball. Un jour, lors d’un nouvel épisode de violence conjugale, le petit Peter, six ans, décide de défendre sa mère et blesse son père d’un coup de couteau. La police qui intervient découvre le stock de drogue de Bo et celui-ci est emprisonné.

Huit années s’écoulent. Moira a épousé Steven et ils ont eu deux enfants, Nigel et Wendy. Après le suicide inexpliqué de Steven, Moira se retrouve seule, à moins de trente ans, à devoir élever ses trois enfants et elle doit faire face aux très importants frais médicaux de Wendy, atteinte de mucoviscidose. Pour y arriver, elle cumule plusieurs petits emplois et peut heureusement compter sur Peter pour prendre soin des deux plus jeunes enfants en son absence. Mais les services sociaux découvrent que les enfants sont livrés à eux-mêmes ou confiés à leur frère mineur et veulent en retirer la garde à Moira.

A ce moment du roman, on a envie de dire à Claire Favan de ne pas en rajouter, de laisser un peu de répit à cette malheureuse Moira… mais ce n’est que le tout début du livre, le pire reste à venir.

Après un nouvel épisode particulièrement traumatisant pour Moira et sa famille, Nigel, à huit ans, se trouve dans un hôpital psychiatrique. Au bout d’un an, il est toujours enfermé dans son mutisme et ne répond à aucune stimulation, aucun traitement. Un nouveau médecin, le Dr Bruce Thomas, prend la direction du service et décide de comprendre cet enfant, ce qu’il tait, ce qu’il se cache à lui-même.

Claire Favan nous plonge dans ce qui débute comme un roman social, une histoire de misère et de violence « ordinaires » mais ensuite tout s’emballe dans une spirale infernale. Dans des chapitres courts et rapides, elle nous met en présence de personnages touchants, bouleversants, attachants… ou inquiétants, à travers des portraits à la psychologie bien travaillée, et nous interroge sur le poids des traumatismes de l’enfance.

Un polar domestique hors normes, impossible à lâcher avant d’avoir compris l’enchaînement des faits, une histoire sombre, terrible et révoltante. Une famille comme on aimerait espérer qu’il n’en existe que dans les romans (mais, on le sait bien, ce n’est pas le cas). Une nouvelle nuit blanche offerte par Claire Favan à ses lecteurs !

Fiche technique

Format : poche
Pages ‏: ‎393
Éditeur ‏: ‎Pocket
Sortie : 14 avril 2022
Prix : 8,60 €