La Bien-aimée – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Jocelyn Pierston, sculpteur au talent prometteur, a vingt ans lorsqu’il s’éprend d’Avice Caro, native comme lui de l’île de Slingers. Mais leur idylle tourne court. Vingt ans plus tard, le hasard va placer sur son chemin la fille d’Avice Caro. Son émoi amoureux sera de nouveau couronne d’insuccès…

A l’inverse d’un Dorian Gray, Pierston éprouve l’illusion de ne pas vieillir, grâce à la pureté de son sentiment pour celle qu’il nomme « la Bien-Aimée » et qui prend la forme changeante des femmes rencontrées tout au long de sa vie. Inconstant en amour, il reste ainsi fidèle à son fantasme.

Hypocrisie des conventions sociales, tours ironiques du destin, quête inapaisable d’un idéal… Tous les motifs chers à Thomas Hardy irriguent cette surprenante parabole, chant d’adieu qui prend congé de la fiction sur un ton cruel et burlesque. Marcel Proust en soulignera l’étrange attrait en ces termes : « une très belle chose qui ressemble malheureusement un tout petit peu (en mille fois mieux) à ce que je fais… Il n’y manque même pas la légère part de grotesque qui s’attache aux grandes œuvres ».

Avis de Claire

Jocelyn Pierson est un apprenti-sculpteur originaire de l’île de Slingers (nom imaginaire inspiré par l’île de Portland, dans le Dorset, la région d’origine de Thomas Hardy). Le jeune homme a un certain talent. Mais son coeur est inconstant. Persuadé d’être amoureux d’une muse, qui s’incarne de femme en femme, il est incapable de vivre une véritable histoire d’amour. On le rencontre à vingt ans, puis à quarante, et enfin à soixante où sa quête du sublime a eu raison de son bonheur.

Sur le thème de l’artiste hanté par la beauté et la recherche d’absolu, Thomas Hardy brode une histoire tragique, à la limite du pathétique tant son héros s’accroche si fortement à ses chimères, persuadé qu’il est de son bon droit. Plus Jocelyn Pierson vieillit plus sa muse est jeune. Sorte de portrait en miroir de Dorian Gray (La Bien-aimée fait partie des livres qu’Oscar Wilde a pu avoir dans la prison de Reading), le héros de Thomas Hardy ne peut aimer sans idéaliser.

Même s’il continue à écrire poèmes et nouvelles jusqu’à sa mort en 1928, La Bien-aimée (1897) est le dernier roman de Thomas Hardy. De lui, on a souvent dit qu’il a une vision très pessimiste de la vie, qui transparaît inexorablement dans ses romans, à l’image du destin tragique de Tess d’Urberville (1891) ou de Jude l’obscur (1895), La Bien-aimée ne déroge pas à cette règle.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 256
Éditeur : L’Archipel
Collection : Archipoche
Sortie : 9 mai 2019
Prix : 6,95 €