L’héritage du passé – Avis +/-

Résumé

Travaillant pour le FBI, Avery Delaney a été traumatisée par la tentative de kidnapping fomentée par sa propre mère, Jill, une manipulatrice sans scrupules. Le cauchemar recommence lorsque sa tante Carrie, celle qui l’a élevée, a disparu, enlevée par Monk, un dangereux tueur en série. Avery décide de la retrouver, aidée en chemin par John Paul Renard, un ancien agent de la CIA, qui a des raisons personnelles de vouloir mettre la main sur Monk.

Avis de Marnie

Un auteur peut-il changer de style sans déconcerter ses lecteurs ? C’est souvent très difficile. Certains préfèrent comme Nora Roberts, utiliser un pseudonyme lorsqu’elle écrit ses policiers futuristes. Spécialisée dans la romance historique, Julie Garwood tente avec plus ou moins de succès de s’orienter vers les thrillers contemporains.

Si le cœur à vif ne m’avait pas convaincu, La dernière trahison était une vraie réussite. L’intrigue était solide et l’histoire sentimentale attractive, avec en toile de fond, l’atmosphère lourde et étouffante des marais de Louisiane. Ici, nous retrouvons le frère de la précédente héroïne, John Paul Renard, qui poursuit sa traque du tueur à gages Monk.

Même si tout n’est pas convainquant, ce road movie à travers les paysages sauvages du Colorado, fait preuve de rythme et d’imagination. C’est en fait un des points forts du roman. Julie Garwood réussit à insuffler de la tension, du suspense et nous décrit avec talent l’univers majestueux dans lequel évoluent ses deux héros.

John Paul laissait une impression extraordinaire lorsqu’on le découvrait en personnage secondaire dans le récit précédent. Quasi muet avec une allure de Terminator, il représentait le mâle alpha dans toute sa splendeur, avec en prime un aspect déjanté des plus réjouissants. Ce qui est décevant ici, c’est que si il reste le même héros pur et dur, sa folie est plus que mise en veilleuse. Dommage que l’auteur ait jugé utile de le rendre plus humain, il perd de son originalité et de son charisme, en redevenant un héros, certes, attirant et séduisant, mais un peu moins impressionnant.

Avery Delaney, est un personnage attachant. C’est une femme traumatisée, méfiante, mais surtout très brillante. Courageuse et intelligente, il fallait qu’elle ait un caractère fort pour subjuguer un homme comme John Paul. Contrairement à beaucoup d’héroïnes habituelles de Julie Garwood, Avery n’est pas d’une « innocente fraîcheur ». En fait, c’est tout le contraire, elle n’a plus beaucoup d’illusion sur la nature humaine. Savoir qu’elle n’a pas été aimée de sa mère, responsable de la mort de sa grand-mère, avoir elle-même failli être assassinée, tout cela lui a forgé le caractère. Elle a soif de justice et se tourne résolument vers l’avenir mais se focalise sur son métier, de peur d’être blessée émotionnellement.

Parallèlement au road movie, nous découvrons trois femmes enfermées dans une maison. L’opposition entre grands espaces et ce confinement est très réussie. Ces personnages secondaires que nous découvrons peu à peu sont différents, nuancés, évoluant dans un huis clos angoissant. Les méchants sont, il est vrai, un peu trop radicaux. L’avidité est leur seul motif et l’auteur nous démontre rapidement qu’il n’y a rien d’autre à comprendre ou à attendre d’eux. Ils manquent ainsi de profondeur, sortis tout droit d’une série B, horribles, oui mais sans saveur.

On sent bien l’effort de Julie Garwood pour sortir de ses romances habituelles. Même l’humour qui est souvent son point fort n’est plus au rendez-vous, l’auteur souhaitant privilégier l’aspect aventure et suspense, peut-être au détriment de l’émotion et de la sensibilité. Mais si l’on oublie qui a écrit ce roman, on se satisfait d’un bon suspense à l’intrigue quelque peu compliquée, aux détails soignés, aux péripéties rythmées, avec à la clé une histoire sentimentale. Que manque-t-il ? Peut-être de l’enthousiasme tout simplement…

Avis de Francesca

L’héritage du passé est le troisième volet de la série de Julie Garwood, après Le cœur à vif et La dernière trahison. Alors que le tome précédent constituait une réussite tant au niveau de l’intrigue que de la relation entre les deux personnages principaux, on a droit cette fois-ci à une déception dans les deux domaines.

Avery Delaney a vécu une enfance difficile : abandonnée par sa mère, Jill, dès sa naissance, elle a été recueillie par sa grand-mère et sa tante, Carrie. Lors d’une tentative d’enlèvement, elle a été blessée par balle et sa grand-mère est morte d’une crise cardiaque. Elevée ensuite par Carrie, elle a avait décidé dès son plus jeune âge qu’elle deviendrait agent du FBI. Cependant, sa carrière n’a pas encore décollé et elle travaille dans une pièce sans fenêtre en sous-sol. Terrifiée à l’idée de perdre la seule personne qu’il lui reste, elle part à la recherche de Carrie lorsqu’elle se rend compte que celle-ci a disparu. La jeune femme est décrite comme une beauté à couper le souffle, ce dont elle n’a apparemment pas idée, bien au contraire, elle repousse les hommes qui seraient attirés par elle, en particulier à cause des cicatrices dues à sa blessure. Pourtant, le personnage n’est pas assez creusé par l’auteur pour le rendre vraiment intéressant à mon sens.

John Paul Renard est le frère de Michelle Renard, l’héroïne de La dernière trahison. Monk l’avait prise pour cible dans l’histoire précédente, ce qui explique l’acharnement de John Paul à vouloir retrouver le tueur en série et à l’abattre. Il a perdu ses illusions dans les services du gouvernement et ne compte que sur lui-même pour mener sa quête à bien. C’est un homme désabusé et bougon, à l’image des mâles alpha, sans pour en avoir autant le charisme malheureusement. Ses sentiments pour Avery sont trop peu exprimés, la passion étant absente pendant une grande partie du récit.

Si la romance est traitée de manière trop superficielle, l’intrigue n’en est pas plus fouillée. Pourtant, le point de départ était original et intéressante. Jill est une femme décrite comme une sociopathe devant être traitée ou internée car dangereuse. L’auteur n’a néanmoins pas eu le tour de force d’approfondir ce côté complexe et vaguement inquiétant et n’a pu faire ressortir qu’un personnage de vamp qui minaude auprès des hommes pour les séduire. L’enquête part dans tous les sens et se perd au final dans un discours sans utilité particulière pour la progression du récit. Le final est à cette image, trop précipitée, sans confrontation entre les héros et les méchants de l’histoire, sans vraies explications et un épilogue en queue de poisson, pouvant légèrement frustrer le lecteur. C’est d’autant plus dommage que le livre est d’une longueur inhabituelle (plus de 400 pages), laissant toute latitude à l’auteur pour développer correctement ses personnages et son histoire.

Gageons que la suite sera meilleure !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 411
Editeur : J’ai Lu
Collection : Suspense
Sortie : 3 septembre 2007
Prix : 7,40€