Interview de Janet Evanovich – VF

Onirik : souvent le problème dans une série policière, ce sont les intrigues qui s’essoufflent. Or, en lisant « flambant neuf » je me suis aperçue que c’est tout le contraire dans votre œuvre. Le scénario est de plus en plus solide, maîtrisé et original. Est-ce que c’est la partie de votre travail qui vous donne le plus de difficultés ?

Janet Evanovich : c’est tout à fait exact ! Cela me prend un bon moment pour parvenir à ce que l’intrigue devienne d’une simplicité extrême. Je ne veux pas que mon lecteur travaille dur, je souhaite qu’il prenne du plaisir.

Onirik : la petite ville de Trenton (New Jersey) fait partie intégrante des aventures de Stephanie Plum. Vous décrivez ces quartiers ou vivent des communautés bien définies, mettant en scène des personnages typés et hauts en couleur, caricaturaux et souvent pas très intelligents ni cultivés. Pourtant, on oublie assez rapidement le côté populaire presque vulgaire, pour s’attarder sur l’aspect attachant de ces caractères. Est-ce le New Jersey qui vous revendiquez et qui vous inspire ?

J.E. être née et avoir été élevée dans le New Jersey, je dois dire que Jersey est une source d’inspiration. Jersey est peuplé de caractères merveilleux et si vous vivez là, vous apprenez à avoir le sens de l’humour et aussi à apprécier les excentriques.

Onirik : le triangle amoureux est un thème très français. Si Morelli représente une réalité très séduisante, Ranger est plus un fantasme, le choix est donc facile en fait, et vous n’entretenez guère de suspense quant à la décision finale que prendra Stéphanie. Même si je suis au neuvième tome, je suppose que dans la treizième histoire que vous venez de publier aux Etats-Unis, nous restons sur un certain statu quo. Qu’est-ce qui la retient de s’engager ?

J.E. : vous plaisantez, là ? Elle a deux types chauds bouillants qui lui courent après. Deux ! Qui pourrait choisir facilement entre Monsieur Parfait et Monsieur Parfait numéro 2 ? Que l’on savoure la situation pendant un moment. C’est plutôt appréciable pour une femme d’avoir de tels problèmes !

Onirik : vos mettez en relief selon les romans à chaque fois un des personnages secondaires. Si les péripéties de Mamie Mazur s’enchaînaient dans les premiers tomes, Lula devient franchement impressionnante, notamment dans Flambant Neuf, où elle vole presque la vedette à notre héroïne. Souhaitez-vous renouveler les histoires en approfondissant ces caractères ?

J.E. : depuis le début de cette série, j’essaye de mettre en valeur certains personnages en laissant d’autres de côté selon chaque roman. Des fois, Lula sera la star, et dans d’autres livres, ce sera Mamie Mazur. Le point commun entre eux, c’est qu’ils font tous partie de la vie de Stéphanie.

Onirik : l’humour n’est pas seulement là pour amuser le lecteur, pour créer un bon divertissement, il est aussi utilisé par l’héroïne lorsque les choses deviennent trop sérieuses affectivement pour elle (ou pour évacuer des traumatismes… ). Il l’aide à garder un équilibre (par rapport à son métier peu banal, mais aussi sentimentalement) Depuis le premier roman que vous avez écrit, l’humour est omniprésent, une réponse à toutes les questions existentielles, est-ce le remède que vous souhaitez apporter contre les aléas de la vie ?

J.E. : Absolument. La vie serait vraiment trop dur sans le rire. Je m’efforce de ne regarder que des films « heureux ».