Interview de Anne Rossi

Onirik : Vous écrivez pour plusieurs genres (jeunesse, romance, fantastique), quel est le point commun ou le plaisir partagé à chaque fois ? Quel est le genre que vous préférez ?

Anne Rossi : Le dénominateur commun, à une exception près, est l’aventure. J’aime les histoires dans lesquelles les héros doivent affronter des obstacles, se battre, risquer leur peau et se dépasser pour vaincre leurs ennemis. Petite, je nourrissais une véritable passion pour les romans de cape et d’épée.

Le thème de la différence est aussi souvent présent dans mes écrits.

Quant à mon genre préféré, bonne question ! J’ai un faible pour la fantasy, parce que c’est un genre dans lequel l’auteur maîtrise les règles du jeu de a à z, le plus propice peut-être à faire jouer l’imagination. Mais j’aime aussi quand des créatures fantastiques et/ou une forme de magie s’immiscent dans notre monde. Dans les romans, tout devient possible !

Onirik : Pourquoi avez-vous une telle attirance pour les flibustiers ?

Anne Rossi : J’ai toujours aimé les histoires de pirates pour ce qu’elles ont de dépaysant (ah, le soleil des Caraïbes quand dehors il fait noir et froid) et également parce que l’univers de la piraterie défend une certaine idée de la liberté.

À une époque où les conventions sociales étaient très strictes (particulièrement en ce qui concernait les femmes), ils étaient les seuls à s’en affranchir pour construire leurs propres règles. (Même si leur vie était loin d’être idyllique).

Il y a même eu des femmes pirates célèbres, comme Grace O’Malley ou ma préférée, Ching Shih, une ancienne prostituée qui reprit à la mort de son mari le commandement de sa flotte de pirates en mer de Chine.

Onirik : Qu’est-ce qui a guidé votre participation au concours de Harlequin ? Nous savons que vous allez continuer la série des Enkoutan, mais avez-vous pensé à une autre époque, par exemple contemporaine, ou une autre ambiance ?

Anne Rossi : J’ai découvert la romance, adolescente, grâce aux Harlequin de ma grand-tante planqués au fond d’une armoire dans la résidence de vacances familiales… Aussi pour moi, Harlequin c’était à la fois une évidence et un défi : étais-je capable d’écrire dans la lignée de ces auteurs qui m’avaient fait rêver, plus jeune ?

Je ne voulais pas tenter la romance contemporaine parce que ce n’est clairement pas le genre avec lequel je suis le plus à l’aise. La fantasy me paraissait exclue, puisque Harlequin ne publie plus ce genre (rendez-moi Luna !) Restaient l’historique ou le paranormal. J’ai finalement opté pour l’historique en me disant que ce serait sans doute le genre qu’ils recevraient le moins, mais en optant pour des codes différents de ceux habituellement utilisés. (Et au final, dans les gagnants, il n’y a que de la romance contemporaine, à part les Enkoutan).

Onirik : Le personnage de Chen est très différent des héros de romance habituelle. Pourquoi ?

Anne Rossi : Une réaction épidermique aux mâles alpha… J’ai du mal avec les héros trop machos (comme avec les héroïnes trop passives), j’aime les personnages plus nuancés, qui ont leurs propres fragilités et doivent se battre pour conquérir ce qu’ils veulent.

Onirik : Il reste un homme charismatique et séduisant malgré un physique très abîmé. Pour vous comment doit être un héros de romance ?

Anne Rossi : Je confesse que je trouve les cicatrices sexy. Tout est une question de perspective… Plus sérieusement, c’est un ensemble de qualités et de défauts qui forme un héros. Et pour moi, un défaut, apparent ou non, moral ou physique, permet de mieux mettre en perspective les qualités. (Soyons franches : nous avons toutes préféré Jack Sparrow à Will Turner, non?)

Onirik : Vous avez également renversé les règles de pouvoir entre l’homme et la femme, puisque Chen est un ancien esclave et Zulie, l’héritière d’un empire qui prend les décisions. Est-ce que c’est occasionnel ou aimez-vous bien révolutionner les codes ?

Anne Rossi : J’aime bien jouer avec les codes, que ce soit pour les détourner ou pour les retourner. Dans les épisodes à venir, on aura deux couples plus traditionnels (dont un avec le fameux Many croisé dans l’épisode 1, bonjour mâle alpha) et deux couples plus originaux.

Onirik : Ma Enkoutan est effrayante, est-ce que c’était important pour vous que le chef des pirates soit une femme ?

Anne Rossi : Ma Enkoutan est inspirée du personnage de Ching Shih dont je parlais plus haut. Je voulais créer une histoire avec un personnage central fort (puisque finalement, Ma pèse sur tous les épisodes) et pour me permettre de renverser les codes, ce devait nécessairement être une femme : ses fils (les héros des différents épisodes) ont bien intégré l’idée qu’une femme n’était pas forcément un petit bibelot fragile à poser dans un salon.

Onirik : Est-ce que les sirènes du fantastique (l’urban fantasy ou la romance paranormale) pourraient sonner chez vous ?

Anne Rossi : (C’est une question intéressée?^^)

C’est déjà fait ! Ma prochaine série à paraître chez HQN sera justement de l’urban fantasy. Avec des vampires stupides, des spectres méchants et une héroïne qui n’en est pas vraiment une, parce qu’elle est… Eh bien vous le saurez la prochaine fois, comme aurait dit mon grand-père.

Dans mon planning d’écriture d’ici la fin 2013 (oui, j’ai des supers plannings de tout ce que je suis censée écrire/corriger avec plein de couleurs dessus), je devrais aussi me mettre au projet dont le titre de travail est « Comment élever un vampire » (tout un programme). Ce ne sera pas de l’urban fantasy très traditionnelle mais ce devrait être amusant.

Onirik : Pouvez-vous nous présenter vos prochaines sorties ?

Anne Rossi : En principe, si tout va bien, sous réserve des aléas des imprimeurs, d’Amazon, des placements en librairies, de la météo et de l’âge du capitaine :

Chez HQN

L’épisode 2 des Enkoutan devrait sortir en septembre et il est prévu ensuite une sortie par mois jusqu’à l’épisode 5. Des pirates, des trésors (qui ne sont pas tous d’or et d’argent) et des amours imprévues…

L’épisode 1 de la bit-lit-qui-n’en-est-pas est prévu pour novembre. La mort n’est pas toujours une fin

Chez NumerikLivres

Sortie de la saison 2 de Passeurs d’ombre pour la rentrée ! (Les huit épisodes en même temps, le premier est gratuit). Cette saison est indépendante de la première et c’est toujours de la romance fantasy. Avec une femme-renard, un lynx-garou, une amante sans âme, un prince maudit, une sirène qui chante comme une casserole, un long et périlleux voyage à la recherche d’une Perle légendaire et des zombies.

Chez Laska

Parution en cours de Chronique d’un amour fou (romance contemporaine) par épisodes, qui devrait paraître sous forme de volume unique (numérique) en septembre. De la fin de l’adolescence à l’âge adulte, Ariane confie à son journal son amour pour un seul homme, celui qu’elle n’aurait jamais dû convoiter…

Chez Nergäl

Le réveil du dragon, épisode 1 des Enfants du feu, doit paraître dès que les problèmes avec les librairies numériques seront résolus. Ensuite, on devrait avoir un épisode par mois jusqu’en décembre, date à laquelle tous les épisodes paraîtront en un seul volume papier (pile pour Noël !)

Pourchassés par l’Empire en raison de leurs pouvoirs magiques ou leur nature de métamorphes, un groupe de fugitifs cherche sa terre d’asile (et parfois, trouve l’amour en chemin). Avec une femme-phénix, une guérisseuse, un gladiateur capable de dompter la foudre, un triton honteux de son état, une panthère et une tigresse garou, un muet aux mains vertes, une télépathe, un vampire, une fée, une jument ailée et bien sûr, un dragon.

Un grand merci à Anne Rossi, pas seulement pour sa gentillesse, mais aussi pour toutes les aventures qu’elle va nous faire vivre !