Folle de lui – Avis +

Présentation officielle

Que faire lorsque votre toy boy fête ses 30 ans le soir où votre meilleure amie célèbre ses 60 ans ?

Est-il moralement condamnable d’aller chez le coiffeur quand vos enfants ont attrapé des poux ?

Est-ce mal de tricher sur son âge sur les sites de rencontre ?

Confrontée à ces graves problèmes, et à quelques autres non moins angoissants, Bridget relève courageusement le défi d’élever seule deux jeunes enfants, d’apprendre à maîtriser tweets et textos et surtout, redécouvre sa sexualité à l’heure de – aïe ! le mot qui fâche – l’âge mûr.

Avis de Claire

Elle a osé ! Helen Fielding a osé supprimer le géniallissime personnage de Mark Darcy, inspiré bien sûr du fameux Fitzwilliam Darcy de Jane Austen. Certes Bridget Jones n’avait jamais rien eu à voir avec Elizabeth Bennet, mais elle a durablement marqué une génération de lectrices, tout comme les films (avec Renée Zellweger, Hugh Grant et last but not least Colin Firth, qui fait d’ailleurs partie des personnes que l’auteur remercie en fin d’ouvrage).

Si l’on retrouve dès les premières lignes le ton amusant et un peu déjanté qui avait fait le succès du style « Bridget », difficile a priori d’accepter la mort brutale de ce personnage, d’autant que cet événement a laissé la jeune veuve en plein désarroi, on la sent prête à faire un peu n’importe quoi. Fort à propos, la première partie du roman s’intitule Seconde virginité, tout un programme.

D’ailleurs, quand Bridget décide de se reprendre en main, on y croit. Et ça fonctionne comme une machine à fous rires bien huilée. On sent du vécu derrière quelques situations bien cocasses, notamment dans certaines mésaventures avec les enfants, l’obsession du régime ou la maîtrise d’internet.

Ce sont d’ailleurs des points essentiels des célèbres « listes » de Bridget. Jugez un peu, elle se rêve en mère idéale telle une Claudia Schiffer ou une Stella McCartney, se désespère de ne pas perdre de poids, et enfin déprime de son chiffre de zéro follower sur Twitter.

Côté boulot, elle s’apprête à se plonger dans l’écriture d’un scénario qui serait une adaptation de la pièce Hedda Gabler (qu’elle prend pour un roman de Tchekhov, et quel paradoxe alors qu’elle cherche à se remonter le moral!). Bref, c’est Bridget avec toutes ses contradictions, ses imperfections et ses aberrations, telle qu’on l’a toujours imaginée.

Notre héroïne est à un tournant, alors que se posent dans sa vie d’importants et d’essentiels questionnements. Encore jeune (51 ans), maman de deux enfants en bas âge, ayant perdu l’amour de sa vie (l’homme parfait on le répète), Bridget – toujours aussi catastrophique rassurez-vous – peut-elle retomber amoureuse ? Pourra-t-elle aller de l’avant et tourner la page ?

Mais au delà de cela une interrogation bien plus profonde émerge : s’accordera-telle une chance d’aimer à nouveau, au risque d’avoir l’impression de trahir son défunt mari ? Réponse dans le roman, où Helen Fielding s’en donne à coeur joie et compose une galerie de personnages tous plus réjouissants les uns que les autres.

La romancière, qui a presque l’âge de son héroïne, ose évoquer un sujet encore très peu abordé en chick-lit actuellement, la vie amoureuse et la sexualité d’une femme de plus de cinquante ans. Notre Bridget s’improvise bien évidemment cougar, et l’on doit à cet état de fait les pages les plus hilarantes du livre.

Sur l’air de Mad about the boy (de Dinah Washington, et titre original du livre), petite musique qui nous trotte dans la tête, on rit beaucoup, malgré quelques soupirs, on s’énerve parfois contre cette héroïne un peu agaçante, mais tellement attachante. Et quand Helen Fielding se fend d’une petite allusion à Jane Austen, on sourit de contentement, la boucle est bouclée.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 444
Éditeur : Albin Michel
Sortie : 1er octobre 2014
Prix : 21,50 €