Présentation officielle
Une cour d’assises, de nos jours.
À l’heure des délibérations, trois magistrats et six jurés populaires tiennent entre leurs mains le destin d’une femme. Une femme qui a avoué son crime, et qui pourtant réclame justice. Neuf hommes et femmes en colère vont devoir choisir entre punition et pardon. Pièce tirée du roman à succès de Mathieu Menegaux.
Avis de Claire
Vendredi soir, au théâtre de La Pépinière, une foule compacte se presse. L’événement est de taille, c’est la première de la pièce Femmes en colère, d’après le roman de Mathieu Menegaux, et co-adapté pour la scène avec Pierre-Alain Leleu. Nous y étions. Dans la salle, l’émotion est palpable. Sur scène, une femme, seule, crie sa détresse. C’est Mathide Collignon, qui nous raconte son calvaire. Elle est accusée d’actes de torture et de barbarie, elle reconnait son crime. Elle se repend. Mais que lui est-il arrivé pour basculer ainsi dans la cruauté la plus absolue ?
C’est toute la force de la pièce, justement, qui pose les bonnes questions. Le spectateur comprend vite les enjeux, les tenants et les aboutissants. Une femme s’est fait justice elle-même. La pièce oscille entre les longs monologues de Mathilde (saisissante -et trop rare- Lisa Martino) et l’implacable machinerie de la justice. En effet, comment ne pas reconnaître l’horreur de ses crimes et la tragédie de l’acte infâme et impuni dont elle est la victime ?
Mathilde n’avait tout simplement aucune chance. Aucune chance d’être entendue, d’être comprise, d’être prise au sérieux. «Je n’avais pas le bon viol», confie-t-elle entre deux sanglots. Il y a un code, une nomenclature de ces choses-là, dans un tribunal. Jusqu’à un certain point, semble-t-il, une femme est responsable de son viol. Trop provocante ? Pas habillée de la bonne manière ? Aimant trop le sexe ? Pas assez claire dans son refus ou dans ses intentions ? Pas assez prompte à dire non ?
Avant même que le procès ne commence, Mathilde est à la fois victime et coupable. Par son acte froid et calculé, elle est également martyre et bourreau. Qu’est-ce que cela révèle de notre société ? Dans le huis-clos d’une salle de délibération, neuf hommes et femmes vont décider de son sort. Fera-t-elle la peine maximale ? Pourra-t-elle sortir libre et aller retrouver ses filles ? Ses agresseurs resteront-ils impunis aux yeux de la justice ?
Dans une vertigineuse reconstitution, la pièce nous fait pénétrer de manière passionnante au coeur du système judiciaire. De bout en bout, les comédiens nous épatent, chacun apportant qui un peu d’humour, qui une touche d’autodérision, mais surtout beaucoup d’émotion. En France, une femme sur huit est victime de viol, une sur cinq n’en parle jamais. Ce sont des chiffres, froids, mais tangibles. Ce sont surtout des vies brisées auxquelles rend hommage cette pièce aussi bouleversante que nécessaire.
Fiche technique
Adresse : Pépinière Théâtre 7 Rue Louis le Grand, 75002 Paris
Horaires : Du mardi au samedi à 21H00, matinée le samedi à 16H
Tarifs : de 12,00 à 48 €
Avec : Lisa Martino, Sophie Artur, Magali Lange, Aude Thirion, Patrice de la Villehervé, Béatrice Michel, Nathalie Boutefeu…
Mise en scène : Stéphane Hillel