En attendant Bojangles – Avis +

Editeur : Finitudes

roman de Olivier Bourdeaut

Présentation de l’éditeur

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.

Celle qui mène le bal, c’est la mère, imprévisible et extravagante. Elle n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.

Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.

L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

Avis de Valérie

Qui est ce mystérieux Mister Bojangles ? Il s’agit en fait du titre d’une très belle chanson[[inspirée par la vie du premier danseur de claquettes noir à obtenir du succès : Bill Robinson]] interprétée par les plus grands comme Sammy Davis Jr, Tom Jones, Whitney Houston, Hugues Aufray, Harry Belafonte voire même Robbie William, et Nina Simone.

C’est la version de cette dernière qui illustre dans le roman les moments où le père et la mère du narrateur dansent à en oublier la raison. Nina Simone apporte à cette évocation de la déchéance d’un artiste de l’affectif, mais également ce qu’est le sens de la vie qui est à la fois exaltant, excitant, ainsi que sérieux et… définitif.

Ce préambule nous éclaire sur le ton du roman, il n’est pas tragique, il n’est pas contemplatif, mais il possède à la fois la douce folie de l’existence et l’amer retour à la réalité lorsque les dés sont pipés.

Le narrateur est un très jeune garçon qui assiste et participe aux frasques de ses parents. Cet amour fou les pousse à ignorer les codes sociaux et ne connaît que la limite imposée par les autres. Fou, car on aborde la personnalité bipolaire sans jamais totalement la nommer, mais qui prête à l’épouse comblée des hauteurs maniaques se faisant passer pour de l’excentricité… Mais lorsque l’effronterie séductrice s’efface, il ne reste plus que l’incompréhensible comportement d’une personne malade.

Mais c’est surtout un hymne à la vie, à l’amour, à l’intelligence et à la fête ! C’est touchant, et si la narration est laissée à un enfant et est donc subjective, elle est drôle, truculente et plein d’émotion. Et bien sûr, au fil du temps, la narration devient plus subtile. Le texte est intercalé avec des passages du journal du papa qui relate les événements avec la vision réaliste d’un adulte.

Cela ancre le récrit dans la réalité, et le talent de l’auteur est de nous y faire croire, peut-être même adhérer. On aime également beaucoup l’animal familier de la famille : Mademoiselle Superfétatoire, comme l’ami fidèle toujours là dans les bons coups et les fêtes débridées.

Un premier roman étonnant car il touche à l’unique en détricotant une histoire d’amour pour nous en révéler la faille, comme celle d’un diamant, invisible à l’oeil nu, sauf si le sciage du lapidaire la révèle. A l’instar de l’interprétation de Nina Simone, cette vie de bonheur est courte et la chute est dure… mais n’est-ce pas ainsi que la vie se doit d’être vécue ? La réponse est personnelle à chacun !

Ne ratez pas l’embarquement pour ce beau voyage qui parlera à beaucoup par la problématique abordée, mais également grâce au style unique et l’humour tendre et absurde de Olivier Bourdeaut.


Fiche Technique

Format : broché
Pages : 160
Editeur : Finitude
Sortie : 8 janvier 2016
Prix : 15,50 €