Eau de vie, eau de mort : 1690-1699 – Avis +

Présentation de l’éditeur

Nous sommes en 1690. Pour le Roi Soleil, le sucre est une denrée précieuse. Il faut intensifier le commerce triangulaire, et encourager plus de travailleurs à aller aux îles. C’est dans ce contexte que débarquent en Martinique Jean Rouen, fils d’un drapier normand, et le Père Labat pour y vivre la grande aventure du Rhum…

Avis de Valérie

C’est l’esclavage qui a permis à certaines sociétés d’évoluer et de prospérer dans les îles des Caraïbes et en Amérique. Le trafic transatlantique a donc apporté la richesse des propriétaires terriens des îles Antilles, notamment pour la culture des cannes à sucre.

Les auteurs ont choisi d’étendre le scénario sur plusieurs générations. On débute avec l’arrivée de Jean Rouen en Martinique. Le jeune Normand s’est engagé pour trois ans de labeur dans une plantation. À la fin de ce laps de temps, son employeur lui devra un bout de terre, qu’il pourra faire prospérer.

Il pense devenir riche, et ainsi faire sortir de la Bastille son père, emprisonné pour dettes. Sauf que la réalité est autre. Il travaille avec les esclaves africains à une cadence impossible à tenir et ne supporte pas les conditions de vie.

Repéré par un moine qui le prend en pitié, il doit son salut à son intervention, mais il comprend qu’il ne tiendra pas les trois ans, et que le propriétaire des terres étant un être humain immonde, il est prisonnier au même titre que les esclaves…

Cette bande-dessinée permet vraiment de plonger à l’époque des colons blancs aux Antilles. Son intérêt est de mêler étroitement éléments historiques à un solide scénario qui nous renvoie à ces heures sombres. Mais le tout étant bien étayé, cela se lit comme un roman, avec l’apport des cases illustrées, facilitant le message.

Le trait de Mateo Guerrero est précis, détaillé en étant bien caractérisé. Comme il y a beaucoup d’éléments, le tout peut quelques fois sembler fouillis, mais cela reste toujours très lisible, et cela donne un effet luxuriant aux décors !

Si c’est bien une BD, avec tous ces codes, l’ensemble donne un album dense, passionnant et qui appelle (de nos vœux) une suite ! Cela peut être pour certains lecteurs une manière de mieux saisir l’époque et ses enjeux financiers et humains, pour d’autres, c’est surtout une aventure captivante au potentiel avéré.

Fiche technique

Format : album
Pages : 56
Editeur : Robinson
Collection : Robinson Millenials
Sortie : 29 mai 2019
Prix : 14,95 €