Dieu n’était qu’un dieu parmi les autres

Il est complètement faux de considérer que les Israélites étaient les seuls à reconnaître en Yahvé le seul et unique Dieu. La preuve en est la rencontre d’Abram avec Melchisédec : Genèse 14.18 : « Et Melchisédec, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin. Or, il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. ».

Donc dès le départ Dieu est considéré comme le Dieu éternel et unique par d’autres que les Hébreux. Cela se traduit même dans les noms utilisés ainsi en Juge 11.23-25 on trouve dans la LXX [[traduction dite des septantes]] « kurios o théos » pour Dieu et simplement « théos » pour Kemosh. En français la Segond traduit respectivement « L’Eternel notre Dieu » et « dieu » pour « Yahvé elohé Israel » et « elohach » – les déclinaisons apparraisent, le « ach » traduisant le « vôtre ».

Dieu est donc distinct des autres par le fait qu’il n’a pas de nom, ou plutôt que son seul nom traduit son éternité. Ensuite ce n’est pas parce que Jephté utilise le nom d’une divinité que ces adversaires adore qui lui reconnaît une quelconque équivalence à Yahvé. Loin de là même puisque la Torah est très claire sur le sujet : Exode 34.14 « Car tu ne te prosterneras point devant un autre dieu, parce que l’Éternel se nomme le Dieu jaloux; c’est un Dieu jaloux. ». On peut donc en conclure que Jephté, en négociation pour un traité de paix, s’appuie sur les croyances de ses ennemis pour discuter et leur expliquer pourquoi le peuple d’Israël a autant de légitimité qu’eux dans leur pays.

On retrouve des allusions aux divinités des autres peuples par exemple dans Daniel 2.18 : « Sache, ô roi! que nous ne servirons pas tes dieux » ou encore 4.18 « Toi donc, Beltshatsar, donnes-en l’interprétation,[…] car l’esprit des dieux saints est en toi. » alors que Daniel précisait au verset 2 : « Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu souverain a faits en ma faveur. ». Il n’est donc pas contradictoire de voir apparaître dans la Bible les noms d’autres divinités puisque ce fut la réalité. Cela ne veut en aucun cas dire que les juifs leur reconnaissaient un quelconque pouvoir ou une quelconque existence.

Illustration : Canevas du moyen-âge se trouvant à l’église Saint-Pierre à Louvain en Belgique