DVD : Winter Brothers – Avis +/-

ePrésentation officielle

Emil travaille avec son frère dans une carrière de calcaire et vend aux mineurs l’alcool frelaté qu’il fabrique. Les relations changent lorsque la mixture préparée par Emil est accusée d’avoir empoisonné l’un d’entre eux.

Avis de Chris

Winter Brothers, primé au Locarno Festival Concorso Internazionale comme meilleur film européen, est une expérience avant tout sensorielle. La musique est quasi inexistante, mais psychédélique et minimaliste quand elle se profile. De long moments de silence entrecoupent des scènes beaucoup plus bruyantes, celles qui montrent aux spectateurs l’univers dans lequel les personnages travaillent. De plus, il y a peu de dialogues et certains sont passés sous silence.

Visuellement, le long-métrage est saturé de blanc. Outre les paysages enneigés, le ciel toujours gris, le teint blafard des ouvriers et la craie sur leurs vêtements, l’image laisse une empreinte unique au film. La photographie est magnifique. Certains plans, statiques, sont similaires à des photos prises sur le moment. Même les parties où les personnages dialoguent entre eux restent des plans rapprochés et fixes.

En outre, la nudité est présente assez régulièrement. C’est une nudité qui donne l’impression que les personnages n’ont plus que des instincts primaires, mais qui peuvent paraître déconvenus dans certaines situations. Attention, il s’agit de nudité frontale. Il n’y a pas de faux semblant ni de subterfuge pour cacher les parties génitales des protagonistes concernés. Cet aspect peut être assimilé au blanc constant du long-métrage qui se veut minimaliste et froid.

Cependant, côté scénario, c’est assez plat et lent. Il s’agit du portrait d’un jeune homme, Emil, naïf, un peu simplet, qui rêve d’une vie normale dans un décor de blanc immaculé. Il frelate une gnôle qu’il fabrique à l’aide de liquides plus ou moins identifiés qu’il vole dans la réserve de son lieu de travail. Peu après, un homme tombe gravement malade. Tous les soupçons se tournent vers Emil, prétextant que sa liqueur en est la responsable. Et à travers les déboires amoureux du jeune homme ainsi que la rivalité qui le mu avec son grand-frère, le spectateur tente d’apprivoiser ce personnage… avec parfois grand mal. Tout dépendra du ressenti et des émotions que le spectateur aura en visionnant ce film.

Le début du long métrage montre l’étendue de la pénibilité du métier et dans quelle atmosphère les ouvriers doivent travailler : l’obscurité et le bruit constant. Cette ambiance poussiéreuse est rendue grâce à une caméra qui suit au plus près les ouvriers. Aucune source de lumière artificielle ne rompt cet espace sombre et clos. Seules les lampes frontales éclairent les lieux. Le spectateur entraperçoit à peine les individus qui s’agitent dans la carrière. Par ailleurs, le film se termine de la même manière qu’il a commencé : dans l’obscurité des carrières de calcaires.

Le réalisateur soutient longtemps l’œil de sa caméra sur la pénibilité du travail. Pourtant, le film est loin d’être un procès à l’encontre du travail harassant et déshumanisant du quotidien éreintant de ses ouvriers précaires. Il dépeint le portrait d’un jeune homme qui rêve d’une vie normale, avec une petite-amie, un grand-frère aimant, un travail qu’il apprécie et un quotidien heureux. Tout le contraire de ce qu’Emil vit au cours de ce film empreint d’humanité.

Bonus

A l’intérieur du DVD, en plus du film en version originale sous-titrée, nous retrouvons un entretien avec le réalisateur où il explique, entre autres, comment l’inspiration lui est venue, le processus de l’écriture du scénario ou encore ce qu’il pense du personnage principal : Emil.

La bio-filmographie du réalisateur, une galerie photo et la bande annonce complètent les bonus.

Fiche technique

Avec Elliott Crisset, Hove Simon Sears, Victoria Carmen Sonne, Lars Mikkelsen, Peter Plaugborg…
Audio : danois, anglais
Sous-titres : anglais, français
Distributeur : Epicentre Films
Sortie du DVD : 1er octobre 2019
Durée : 94 minutes + 15 minutes de bonus
Prix : 19,99 €