Cool Water – Avis +

Présentation de l’éditeur

Les attentes, les peurs et les rêves se mêlent, à l’Oasis Café, unique lieu de rencontre d’une ville de 1011 âmes où il ne se passe jamais rien.

Un jour, pourtant, surviennent dans la vie de certains habitants des événements qui vont influencer à jamais celle de leurs voisins. Dans ce décor faussement calme, les langues se délient, les conflits latents explosent, les existences se transforment, pour le meilleur et pour le pire…

Une galerie de personnages inoubliables qui évoluent dans un paysage à couper le souffle, pour un roman choral maîtrisé à la perfection.

Dianne Warren est née, a grandi et vit toujours dans la province canadienne de la Saskatchewan, où se déroule l’action de Cool Water.

Le titre du livre lui a été inspiré par la chanson homonyme écrite par Bob Nolan en 1936 et reprise par des artistes aussi illustres que Joni Mitchell, Bob Dylan ou Johnny Cash.

Avis de Claire

Dans la toute petite bourgade imaginaire de Juliet, quelque part dans l’exotique (vu d’ici en tout cas) Saskatchewan, état trop méconnu du Canada, mais au nom synonyme de légendes indiennes et de terres sauvages et fertiles, la vie s’écoule lentement.

Nous surprenons dans leur quotidien une galerie fort sympathique de personnages très différents les uns des autres, tous vivent à Juliet, et ne rêvent que de deux choses : soit d’en partir, soit d’y rester. Il y a, comme partout, les nantis et les plus modestes, les lucides et les lunaires, les audacieux et les plus timides…

Or, pour chacun d’entre eux, la vie va basculer en l’espace d’une seule journée. Bien évidemment, cette journée est loin d’être ordinaire, de vieux secrets sont enfin dévoilés, et là où l’on attendait un mariage, on aura un enterrement. Plus rien ne sera plus jamais pareil.

Ces quelques vingt-quatre heures, qui tiennent sur près de 400 pages, métaphore philosophique du temps qui s’égraine, inexorable et définitif, vont donc bousculer la petite vie, apparemment tranquille, d’une douzaine de personnages, aux portraits merveilleusement croqués et émouvants.

On s’attache tout particulièrement à Norval, le banquier de la ville, qui connaît, à son grand dam, la situation financière de chacun, à Willard avec ses airs de lonesome cowboy, amoureux sans le savoir de la veuve de son frère, ou encore à Vicki, cette mère de famille de six enfants, pauvre et débordée, mais néanmoins éternelle optimiste.

Le roman de Dianne Warren s’effeuille avec douceur, comme un album aux précieuses photos jaunies. Chaque mot, chaque scène sont porteurs de sens et trouvent leur place dans le cheminement de la destinée de tous les personnages, les actes des uns déterminant la vie des autres, même s’ils ont disparu depuis longtemps.

Si l’on peine un peu au début, le temps que l’intrigue se mette en place et que l’on fasse le lien entre les différents protagonistes, c’est que l’auteur a visiblement choisi de nous présenter sa ville comme si nous venions d’y débarquer, comme s’il nous fallait le temps nécessaire de faire connaissance.

L’écriture de Dianne Warren est mâtinée de tendresse, de justesse mais aussi de lucidité pour cet endroit qu’elle connaît bien, Juliet symbolisant la petite ville de province par excellence, aussi bien dans sa mentalité que dans son universalité.

En se focalisant méthodiquement sur de petits détails précis, une vitre choisie pour séduire une épouse, un service à thé en argent, un cheval arabe qui traverse le livre de part en part, et cet énigmatique désert, particularité du lieu et qui jouxte la ville de ses dunes glissantes, la romancière impose son style, serein, rigoureux, et poignant.

Un grand, très grand, roman de la nouvelle scène littéraire canadienne, où le lieu de l’intrigue a autant d’importance que les personnages. Notez que Dianne Warren sera l’une des invitées du Salon America en septembre à Vincennes.

A ne pas manquer !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 404
Editeur : Presses de la Cité
Sortie : 16 août 2012
Prix : 21 €