Comme des images – Avis +

Présentation de l’éditeur

Il était une fois des ados sages comme des images, au prestigieux lycée Henri-IV, à Paris. Un lycée où les élèves, dès la seconde, se voient déjà en avocat, en médecin, en ministre.

L’histoire commence le jour où Léopoldine a rompu avec Timothée pour Aurélien. Ou bien le jour où Timothée, par vengeance peut-être, a envoyé un mail avec une vidéo de Léopoldine, à tout le monde. Ses amis, sa soeur jumelle Iseult, les profs, les lycéens, les parents : tout le monde.

Avis d’Emilie

« Il y a un corps dans la cours du lycée Henri IV« . Telle est la troublante première phrase de ce roman qui nous plonge au cœur d’une jeunesse qu’on qualifiera facilement d’aisée et privilégiée.

Ces jeunes sont pourtant bien communs : affinités et mésententes, amitiés et amourettes se forment et se défont aussi vite qu’ailleurs. Et cela en plus de la pression qu’ils subissent : leur objectif à court terme est de décrocher un Bac S avec mention très bien, dans le seul but d’intégrer une prestigieuse école.

Ce livres est avant tout destiné aux jeunes, de la fin de collège au lycée. Ils s’identifieront facilement à ces personnages qui leurs ressemblent. Pour autant, les adultes ne bouderont pas leur plaisir. On se plait dans ce roman qui nous parle, qui nous rappelle nos propres angoisses scolaires, et comme elles nous paraissent lointaines désormais.

Le thème peut paraître léger, mais il est abordé d’une façon qui rappelle la construction d’un thriller psychologique : le pression monte, se relâche, et alors qu’on pensait que tout allait enfin s’arranger, c’est l’apogée. Une fin terrible, qui prend aux tripes et fait réfléchir.

Le récit aborde de nombreux thèmes d’actualité : le harcèlement, le droit à l’oubli, le questionnement identitaire, la sexualité, l’amitié… Mais aussi la réflexion sur le monde des adultes, la révolte qu’on peut ressentir quand on comprend que sa vie est toute tracée et qu’on s’en rend compte trop tard. Et ces adultes, dont on croirait qu’ils n’ont jamais été ados !

La narratrice est la meilleure amie d’une des deux jumelles, triste héroïne de la vidéo qui va tout déclencher. Elle nous parle de la vie au lycée, de l’amitié un peu ambiguë et pas toujours réciproque qu’elle vit avec la jumelle la plus populaire, Léopoldine, dite Léo.

Léo vit dans la lumière, bien à sa place, là où on l’attend. Et, sans l’ombre, Yseult, sa jumelle, se pose des questions sur la vie. Les autres haussent les épaules, et se disent qu’elle se créée des problèmes, mais sont effrayés par cette clairvoyance, qui ne fait que leur montrer une vérité qu’ils refusent de voir.

Le récit est servit par une narration précise et pointue, qui fait monter l’angoisse, distille ses indices mot à mot, jusqu’à ce que le lecteur comprenne. Certains chapitres sont des mails, des échanges via les réseaux sociaux, des extraits de rédactions… Ils rendent le roman cruellement réaliste. Cruel dans le sens où cette intrigue pourrait se dérouler dans n’importe quel établissement, pas seulement ce lycée huppé.

Pourtant, malgré les thèmes durs abordés, une certaine légèreté reste dominante. Ce ne sont que des jeunes, qui veulent expérimenter la vie, et ils font des erreurs. Il est impossible de ne pas penser que malgré cette vidéo qui met la situation en place, l’accident était inéluctable.

Juste un défaut à relever : le dernier chapitre, qui se veut servir de conclusion, n’apporte pas grand chose et est limite pénible avec son approche moralisatrice. Dommage, car le roman a ce point fort d’en être dépourvu tout du long.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 204
Editeur : Sarbacane
Collection : Exprim’
Sortie : 5 février 2014
Prix : 15 €