Ciné+ Club – Kanzo senseï

– On a déjà eu suffisamment de malheurs.

1945, le Docteur Akagi (Akira Emoto) court dans les rues de la ville. Il passe d’un patient à un autre. Mais le plus souvent il ne peut que constater son impuissance. Ses patients souffrent tous d’une maladie du foie inconnue. Ses patients et leur famille se moquent de lui et l’ont surnommé le « Docteur foie » (l’hépatite C n’a pas encore été identifiée).

Ses seuls soutiens sont ses amis : un chirurgien ayant succombé à la drogue, un bonze succombant régulièrement aux plaisirs de l’alcool et de la chair et une tenancière de « maison de plaisir ».

Dans cette ville sous le contrôle de l’armée impériale il s’agit des seuls soutiens possibles.

Il y a aussi Sonoko (Kumiko Asō), sa jeune domestique. Si son père est pêcheur, sa mère est une ancienne prostituée. Elle a appris à sa fille une règle fondamentale : ne pas faire l’amour gratuitement ! Et le docteur refuse de la payer pour cela. Par conséquent, il ne se passe rien entre eux.

Les avions américains survolent la ville de plus en plus souvent, mais ils ne bombardent pas. Les officiers japonais trouvent cela extrêmement suspect. En fait, les avions de reconnaissance ont repéré les prisonniers alliés qui travaillent dans la fonderie voisine.

Alors que le Docteur Akagi s’efforce d’élaborer un microscope pouvant détecter le mystérieux virus qui attaque le foie de ses patients, sa domestique l’informe qu’elle lui a trouvé un nouveau patient. Il s’agit d’un homme qui a fait une chute lors de son évasion. Évasion ? Oui, il s’agit d’un prisonnier hollandais nommé Pete (Jacques Gamblin).

Une touche de folie supplémentaire se présente et le Docteur Akagi rallie ses amis pour sauver ce blessé, tout en s’efforçant de dissimuler sa présence aux militaires.

Transposant des éléments de sa jeunesse (un père médecin et une fréquentation des prostituées de Shinjuku) le réalisateur nous décrit une fable où des marginaux fantasques sont apparemment les seuls à avoir préservé leur humanité.

Le film s’achève le 6 août 1945 à 7 heures alors que le Dr Akagi et sa jeune et sensuelle domestique se trouvent sur une barque. Du fond de la mer apparaît une baleine. Si le docteur s’inquiète, la jeune femme saisit un harpon. On pourrait penser que la baleine constitue une énorme source de nourriture dans le Japon qui souffre de la faim. Cependant lorsqu’elle s’élance harpon en main, cela peut également signifier qu’elle choisit de vivre comme son père et non plus comme sa mère. Dès lors elle peut vivre une histoire d’amour où l’argent ne tiendra aucune place.

Mais au fait, le 6 août 1945 à 7 heures…