Centrafrique, un vrai-faux départ, Cas atypique d’un mal africain – Avis +

Présentation de l’éditeur

Le Centrafrique, blotti au coeur de l’Afrique, est un condensé de contradictions, de mauvais choix, d’arrimage malsain et d’instabilité permanente.

Au lendemain du coup d’État du 24 mars 2013 qui a plongé le pays dans un chaos sans précédent, celui-ci s’est engagé à se doter d’une nouvelle constitution, une de plus qui s’ajoute à la production exceptionnellement riche en ce demi-siècle.

Celle-ci a fini par être un échec, tant dans sa démarche, sa conception que par son contenu. Ignorant l’histoire, la sociologie et les besoins réels de son peuple, la tentative a été donc loin d’assurer au pays les conditions viables d’un décollage effectif.

Avis de Olivier

Rigo-Beyah Parse est un avocat de Centrafrique qui nous propose une analyse de son pays. Après des années de conflits internes et de coups d’Etat à répétition, comment prendre un nouveau départ. Suite à tant de nouveaux départs promis et avortés, comment redonner un espoir aux Centrafricains.

Son angle d’approche est une lecture comparée de la constitution de 2014 et des huit autres constitutions de ce pays (en 50 ans), pour y débusquer l’évolution des institutions. Il propose sa lecture des difficultés actuelles en suggérant des solutions. Il a l’honnêteté d’affirmer d’entrée ce qu’il pense consensuel et ce qui aura peu de chance d’être appliqué. Son regard d’avocat fait qu’il propose surtout des solutions sur le plan légal, en particulier dans le fonctionnement des institutions (exécutif, législatif et juridique).

Rigo-Beyah Parse se montre très sévère sur le système institutionnel de son pays, donnant de nombreux exemples de « dérapages » graves. Il est difficile, vu de France, de savoir s’il est réaliste ou polémique. Le ton oscille entre plaidoyer politique, réquisitoire à charge et analyse comparée. On sent un auteur passionné et profondément attaché à son pays. Les tournures de phrases sont parfois typiquement africaines et troublent un peu le lecteur occidental.

L’auteur nous fait découvrir un des enjeux majeurs de la RCA : comment faut-il « gérer » les soldats des ex-milices et rébellions ? Faut-il les incorporer dans l’armée, voire à des postes de gouvernement, car il semble impossible de démobiliser sans projet de réinsertion ? Ou faut-il, au contraire, renforcer en urgence le tribunal spécial pour les crimes de guerre (assassinat, pillage, destruction) et exclure ceux qui ont du « sang sur les mains » de toutes responsabilités gouvernementales ? M. Parse nous propose des approches très pragmatiques, il est bien conscient que les bonnes intentions ne changeront rien.

Il nous parle également de bien d’autres défis, hélas plus classiques, comme la corruption, des administrations saturées de proches du chef d’Etat ou du détournement des ressources minières. Un livre engagé, parfois très partial, qui ose appeler un chat par son nom.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 258
Editeur : L’Harmattan
Sortie : 19 janvier 2017
Prix : 27 €