After my death – Avis +

Présentation officielle

La disparition soudaine d’une élève d’un lycée pour filles précipite la communauté scolaire dans le chaos. La piste du suicide est privilégiée. Famille, enseignants et élèves cherchent à fuir toute responsabilité. Younghee, une camarade d’école est suspectée par tout le monde, à commencer par la mère de la victime. Bouc-émissaire idéal, Young-hee va chercher à échapper à n’importe quel prix à la spirale de persécutions qui l’accablent. Mais quel secret, quel pacte peut-elle bien cacher ?

Avis de Chris

Attention, cet avis contient des révélations sur le film !

Il est très difficile de parler de ce film sans en dévoiler les tenants et aboutissants. Mais le premier long-métrage de Kim Ui-seok est une réussite. Le réalisateur met le spectateur dans une angoisse constante grâce à une bande sonore discrète mais particulièrement anxiogène. Le film oscille allègrement entre le silence total représentant la solitude profonde des individus, et cette partie musicale qui conduit le spectateur à un malaise perpétuel. On ne peut ressortir de la salle sans se poser un tas de questions ni sans avoir une haine profonde pour certains protagonistes, aussi réels que cruels.

Une élève d’un lycée pour jeunes filles est portée disparue. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un suicide. Les policiers enquêtent, mais ne portent pas grand intérêt à l’affaire. Peu à peu, des langues se délient et des accusations tombent. Qui a provoqué sa disparition ? Young-hee, sa camarade de classe, va rapidement devenir le poil à gratter du lycée, mais pas que, et s’ensuivront des persécutions de part et d’autre.

Le réalisateur a osé dénoncer un sujet qui fâche et qui touche toutes les couches sociales en Corée du Sud : le suicide. Plus personne ne semble touché par cet acte jusqu’aux forces de l’ordre, représentées ici sous un jour vraiment déplorables, mais peut-être criant de vérité. La scène où l’un d’eux est avachi sur sa chaise, une bière à la main et montrant clairement qu’il n’a aucun intérêt pour l’affaire était vraiment dure à accepter, surtout devant une mère pleine d’espoir qui se démène pour améliorer les conditions des enquêteurs.

Car là est la force de ce récit, nous proposer une histoire tragique qui se déroule dans un pays où malheureusement le suicide est devenu au fil du temps un acte anodin. À l’image d’une scène irréaliste où une adolescente crie haut et fort qu’elle veut se suicider, personne, pas même le corps professoral ou le policier ne va daigner lui tendre la main pour tenter de l’aider d’une quelconque manière. Bien au contraire…

Ce manque de considération envers les personnes est révoltant dans ce film, et on comprend vite que le réalisateur a fait le choix de montrer les réactions des protagonistes plutôt que donner les véritables causes du suicide. Que ce soit les camarades de classe qui deviennent des tortionnaires, les professeurs qui incitent les étudiantes à ne plus penser à la mort de leur camarade car ce n’est pas de cette façon qu’elles auront leur diplôme, ainsi que les policiers qui sont totalement désabusés, comment une personne en réelle détresse psychologique peut survivre et surtout surmonter son désir d’en finir dans un tel contexte ? C’est tellement banal et surtout tellement peu considéré qu’aucune cellule psychologique n’est proposée aux étudiantes.

Ce film n’est pas qu’une histoire de suicide. Il évoque à travers ce thème plusieurs autres comme le harcèlement scolaire qui peut avoir des conséquences particulièrement graves, mais aussi le manque d’entraide entre des adolescents formatés à réussir, à entrer dans les meilleures universités du pays pour devenir de bons salariés. Leur personnalité est bridée par une société élitiste et cela amène les personnes particulièrement fragiles au bord du précipice.

Chacun se trouve une excuse ou envisage de faire porter le chapeau à l’autre pour se dédouaner. Personne ne prend la responsabilité d’un tel acte. Pire, les proches ne se sentent pas forcément concernés ou rejettent la faute sur l’autre et reprennent leur vie comme s’il ne s’était rien passé, sans même chercher à comprendre le geste. Tout n’est qu’hypocrisie, à l’image de la veillée funèbre qui a lieu dans l’enceinte même du lycée. D’ailleurs, cette scène est l’une des plus impressionnantes de par son esthétisme et sa bande sonore.

Enfin, le fait qu’on ne nous dévoile pas la raison exacte du suicide de la jeune fille est une volonté du réalisateur. Après tout, personne ne semble vouloir être intéressé par les causes, alors pourquoi les donner ?

On ne peut pas juger la société sud coréenne à travers un seul et unique film. Cependant, force est de constater qu’ici, elle est dépeinte de telle manière qu’on a l’impression qu’elle veut cacher les travers qu’elle engendre, bon gré mal gré, sans prendre la responsabilité de ses actes.

Fiche technique

Sortie : 21 novembre 2018
Genres : thriller
Durée : 113 min
Avec : Jeon Yeo-Bin, Seo Young-Hwa, Go Won-Hee, Jeon So-Nee…