120 battements par minute – Avis +

Présentation officielle

Début des années 90. Alors que le sida tue depuis près de dix ans, les militants d’Act Up-Paris multiplient les actions pour lutter contre l’indifférence générale.

Nouveau venu dans le groupe, Nathan va être bouleversé par la radicalité de Sean.

Avis de Hiromichi

Bienvenue à cette RH – réunion hebdomadaire – de Act Up Paris, et voici comment se déroule une réunion. On lève la main pour prendre la parole, on ne coupe pas la parole aux intervenants. On n’applaudit pas, mais on claque des doigts, on ne hue pas, mais on siffle comme un serpent. Des règles strictes… et nous voilà plongé dans l’univers de ces activistes luttant pour une meilleure prise en charge de l’épidémie du sida. Il est, en effet, mis en lumière les faiblesses des pouvoirs publics sur la question, que se soit dans la prévention ou dans la communication sur le sujet.

Le film retrace quelques années autour d’un groupe de militants. La préparation des interventions dans les lycées, car Act Up veut qu’il y ait une vraie éducation sur la question, et non les homosexuels ne sont pas les seules victimes ! Mais il montre aussi la volonté de faire une vraie sensibilisation auprès des populations oubliées, mais les plus touchées comme la communauté homosexuelle, les toxicos et les prostituées. Bien entendu, il est mêlé à tout cela le jeu de l’influence politique, médiatique et surtout pharmaceutique.

Et tout n’est pas rose, loin de là. On ressent l’impuissance des activistes, ils ont un poids certain, ils font désordre, mais on sent l’insuffisance face à la charge. En parallèle, on voit ceux qui dépérissent, ceux qui devant la baisse de leur défense immunitaire changent de comportement. C’est un film poignant qui rappelle les oubliés. Qui rappelle aussi qu’une seule fois suffit pour être contaminé par la maladie. Et tout cela, les acteurs nous le ‘transmettent’ parfaitement, on sent qu’il y a de l’improvisation, que c’est parfois totalement spontané. Cela ajoute à l’identification du spectateur qui éprouve cette rage de se faire entendre.

Ils mettent en avant également une triple responsabilité, chaque individu, contaminé comme contaminant, mais aussi la responsabilité de la puissance publique qui ne fait pas de réelles campagnes de prévention. Ce qui est également intéressant ici, c’est qu’on nous montre bien que la transmission sexuelle n’est pas la seule fautive. Les échanges de fluide, les seringues, mais aussi les transfusions sanguines le sont tout autant. L’histoire du sang contaminé est une des plus grosses défaillances sanitaires, et celle-ci n’est pas oubliée !

C’est d’ailleurs intéressant qu’au niveau des militants d’Act Up, il y ait une variété de population, homosexuelles en majorité, mais également hétérosexuelles. Tout comme il y a de tous les âges et de toutes conditions, parents d’enfants touchés, des adolescents, des adultes. Chacun a le droit à la parole, mais tout n’est pas non plus parfait. La réalité des relations humaines fait qu’il y a aussi des confrontations au sein des assemblées. Mais les personnages ne perdent jamais leur but de vue, même s’ils leur arrivent de s’en éloigner.

Il est également captivant de suivre la mise en scène de la mort. Comme ils le disent, dans cette communauté assez restreinte, tout le monde se connaît, et la mort devient alors une partie intégrante du quotidien. Ils sont arrivés à un point où il y avait des décès toutes les semaines. C’est quelque chose de poignant et l’affaiblissement du malade est vraiment éprouvante, mais même si c’est dur, la mort devient un moyen de se battre.

Voilà un film coup de poing et nous évite d’oublier nos cours de SVT. Les cours d’éducation sexuelle concernant la transmission des maladies – et en particulier du sida – est vraiment quelque chose d’important. C’est une piqûre de rappel à voir quelle que soit son orientation et ses pratiques sexuelles, car c’est avant tout l’image d’un combat. De plus, même si certaines scènes peuvent heurter des sensibilités cela ne doit pas être un frein au visionnage. On vous encourage donc à aller le voir !

Fiche technique

Sortie : 23 août 2017
Durée : 140 minutes
Avec : Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel…
Genre : Drame
Distributeur : Memento Films Distribution