Vers l’ouest – Avis +

Présentation officielle

De nos jours, David Berg, comédien parisien, hérite de son vieil oncle Djydek une maison dans les Orcades, au nord de l’Ecosse. Fraîchement débarqué sur l’île, il tombe amoureux du lieu, entre autres… Mais l’insolite comportement des autochtones cache un mystère… Pourquoi Djydek a-t-il quitté son Brésil pour venir mourir ici ?

Quelque part au milieu des brumes de Scapa Flow, cette histoire renvoie à une autre histoire, enfouie, oubliée, une histoire qui a commencé à Varsovie…

Avis d’Artémis

Voilà un récit mêlant deux époques qui ne laisse pas indifférent. Il est écrit par Xavier Jaillard, homme de lettres et homme de théâtre. Auteur, adaptateur (la pièce La Vie devant soi, d’après Romain Gary, a notamment reçu le Molière de la meilleure adaptation), comédien (il a été l’élève de Francis Blanche), metteur en scène, il met ici sa plume au service d’un roman réussi à la croisée des genres.

Vers l’ouest alterne les chapitres racontés par David Berg et les chapitres suivant Jaroslaw pendant la Seconde Guerre mondiale. La narration est intelligemment menée pour relancer constamment assurer la curiosité du lecteur, jusqu’à la fin qui mêle les voix et les destins des protagonistes.

D’un côté, on rencontre David Berg, comédien un brin cabot, dans le cabinet d’un notaire (quel régal que la description de la scène !) : il vient d’hériter une maison en Ecosse d’un oncle qu’il connaissait à peine. N’ayant pas d’engagement professionnel, il décide d’aller voir de quoi il en retourne. D’une démarche qui s’apparentait à des vacances, David est saisi par la maison, l’atmosphère, et décèle que son oncle Djydek cachait un secret. Il décide donc de rester et d’enquêter.

Xavier Jaillard possède un talent pour rendre vivant les objets inanimés, que ce soit le taxi légué par Djydek à David ou sa maison. Celle-ci occupe une place toute particulière et est traité comme un véritable personnage. Elle est fascinante, vivante. Elle n’est pas une demeure idyllique selon les critères traditionnels, mais elle est attachante et le lecteur a envie de la découvrir et de la voir se dévoiler.

Voici la première rencontre : «Presque à tâtons, j’ouvre touts les volets, et je laisse les fenêtres béantes. Le vent s’engouffre par les quatre points cardinaux, les vantaux frappent les murs, des papiers s’envolent, une lampe sur pied tombe d’un fauteuil. La maison se réveille.
Décor incroyable. Ce n’est pas une maison, c’est un antre, un gîte vrai, une caverne, un refuge, une yourte, un site préhistorique, une cache, un igloo, un chalet, un cottage, une ferme, une bastide, un château fort, un relais de chasse, un cabanon, une garçonnière, un terrier d’homme. Il y a un peu de tout ça, plus le bric-à-brac. On ne peut pas raconter dans l’ordre.»

En parallèle, nous plongeons en pleine guerre. Jaroslaw est un adolescent juif polonais qui voit les Allemands arriver à Varsovie. Envoyé dans les camps, il réussit à s’enfuir, laissé pour mort alors qu’il travaillait à l’extérieur jusqu’à l’épuisement. De rencontre en rencontre (ce qui vaut de beaux passages, avec des personnages très attachants), on suit la fuite de ce jeune homme qui finit par se retrouver dans la résistance, craignant pour sa vie, mais partageant aussi ses petits bonheurs. C’est une histoire pleine d’humanité, et Jaroslaw est un personnage marquant, se caractérisant par son humanité, sa simplicité, sa force de caractère.

Par son style, l’auteur réussit à créer une complicité avec le lecteur. Ce livre se caractérise par un bel équilibre entre légèreté et gravité. Xavier Jaillard réussit l’exercice d’aborder la guerre avec beaucoup d’élégance, de respect et d’humanité, sans tomber dans le pathos ni le cours d’histoire.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 256
Editeur : Scrineo
Collection : Littérature générale
Date de sortie : 2 avril 2015
Prix : 18 €