Venue de Wally Lamb en France

A force de rencontrer des auteurs de tout type de littérature, on finit vraiment par se dire que s’ils en sont arrivés à être publiés par les grandes maisons d’édition dans plusieurs pays, ce n’est pas pour rien !

Wally Lamb est à lui seul un monument de ce que les Etats-Unis font de mieux. Né dans une famille aimante, d’origine italienne du côté maternel, il a découvert avec étonnement au moment où il a commencé à enseigner que la cellule familiale telle qu’on peut la concevoir n’est pas une chose acquise par tous.

Né en 1950, il a éprouvé très jeune le besoin de se battre pour les plus faibles, ceux qui sont écrasés par la mauvaise utilisation du pouvoir (fort contre chétif, grand contre petit, puissant contre faible, blanc contre couleur…). C’est visiblement quelque chose qui le touche énormément tant cela revient dans sa conversation. Il semble très empathique mais sait gérer son ressenti pour en tirer un positif plutôt qu’une souffrance.

Il a enseigné l’écriture créative dans le Connecticut auprès d’élèves comme de jeunes femmes emprisonnées. Avec eux, il a souhaité que sa classe soit une sorte de sanctuaire où ses élèves (qu’ils soient à l’école ou en prison) pouvaient se sentir aimés, entourés et surtout protégés. Cela renvoie au sens strict du terme, un endroit (comme souvent les Eglises) où on ne peut être atteint, où la pire chose qu’on ait commise n’est pas portée à notre crédit. Il dit également qu’il est leur champion, celui qui peut se battre en leur nom pour obtenir le respect de leur droit. Un digne chevalier des temps modernes !

Il nous a relaté un fait sortant de l’ordinaire. Avec ses ateliers d’écriture en prison, il a pu faire publier deux ouvrages de nouvelles écrites par ses élèves féminines. Pour la plupart, il s’agit de textes racontant leur passé, leur détention, ce que cela a détruit ou apporté à leur existence. L’administration de l’état du Connecticut a porté plainte pour avoir gagné de l’argent sur leurs crimes. Wally Lamb est tout de suite monté au créneau, se battant comme un forcené pour ses protégées durant un an de procédure et a fini par gagner !

Sans parler politique (sauf pour parler de Bush, bien sûr), avec beaucoup d’intelligence, il nous a brossé sa vision de la vie. Nous avons évoqué à plusieurs reprises des problématiques touchant à la philosophie, la génétique, et connaissance du bien et du mal. Malgré ses recherches, il reste démuni devant certaines.

Pour revenir à ses romans (nous étions si bien avec lui qu’on n’a pas vu passer le temps), son écriture ne part pas d’une idée à faire passer, bien qu’elle puisse se glisser dans sa trame, insidieusement. Il n’a pas vraiment de plan non plus. Il a au départ une image, une personne, et suit l’évolution. Il commence à écrire lors que la cohérence des interactions entre les personnages et l’histoire est présente.

Ensuite, il peut prendre beaucoup de temps pour poser sur papier toute l’histoire. Il a un métier à côté, des passions et un sens de la responsabilité sociale très fort. Il aime passer du temps avec ses personnages, aime les laisser s’ébattre dans son esprit, pour ensuite les abandonner, il ne garde pas en lui des fantômes.

Il a eu le plaisir de voir l’une de ses nouvelles adaptée à l’écran (Wishin’ and Hopin’: A Christmas Story, avec Molly Ringwald, Annabella Sciorra, Meat Loaf, Sosie Bacon…) une jolie tranche de vie prenant place à Three Rivers, la ville où il base ses romans, dans les années 60. Il planche d’ailleurs sur sa prochaine nouvelle dans le même esprit qui sera également adaptée.

Cette rencontre a été trop courte. Nous aurions pu discuter des heures entières avec Wally Lamb. Il synthétise à lui seul l’esprit d’un pays qu’on aime voir. Si vous n’avez pu le rencontrer lors du Festival America il vous reste ses romans dont le dernier, Nous sommes l’eau, est sorti le 21 août 2014.

Merci à Diane de chez Belfond pour ce rendez-vous délicieux !

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Crédit photo : Valérie Revelut