Sur la tombe de ma mère – Avis +

Présentation de l’éditeur

Charles est fier d’être un emmerdeur : quand la vie vous a tout pris, il faut bien trouver une raison d’exister.

Placé en foyer avant sa dixième année, après que son père a tué sa mère, le jeune Français d’origine africaine doit attendre sa majorité pour partir à la conquête du Paris des années 1980, peuplé de Blousons noirs et des pionniers de la génération hip-hop choyés par Paco Rabanne avec, pour seules armes, son irrévérence détachée et sa droiture y compris dans le vice, qui lui valent très vite le blaze de « Jean Gabin ».

Maniant la langue comme un 9 millimètres, usant d’un argot savoureux et de tournures dignes des dialogues de Michel Audiard, le futur MC ne le sait pas encore, mais il est fait pour le rap. Pour l’heure, néanmoins, c’est une autre voie qu’il choisit : le braquage, art pour lequel il montre un talent certain. Il vit alors sa vie comme une mélodie en sous-sol, toujours entre deux coups, à l’affût de la bonne « occas’ ».

Et quand Paris devient trop petit pour lui, c’est en Allemagne qu’il décide de monter son plus gros casse : il dévalise une grande banque berlinoise. Trahi par un complice, Charles écope de trente-trois ans de « calèche », ramené à huit en appel, qu’il décide de passer en Allemagne, laissant pour un temps la France et ses galères et partant à l’assaut d’une nouvelle langue.

Avis de Claire

MC Jean Gab’1, Charles M’Bous de son nom de naissance, petit parisien né dans le 15e, originaire du Cameroun, voit sa vie heureuse, malgré les difficultés, basculer quand sa mère et son beau-père sont assassinés par son père.

S’ensuivent alors des années de galère, émaillées de séjours à la DDASS et d’incarcérations, jusqu’à la violence extrême, braquages, règlements de comptes. La violence, la vraie, celle qui déchire le corps et le coeur, qui réduit l’âme en miettes, un véritable tsunami qui dévaste tout sur son passage, lui colle aux basques.

Entre séjours en taule en France, puis en Allemagne, où Charles le français devient un cador, arrive le rap, par à-coups, à petites touches, de rencontres en rencontres. La musique le sauve, et pour elle il s’investit, comme danseur, puis producteur, chanteur et compositeur. On le voit aussi dans de petits rôles au cinéma, dans Banlieue 13 notamment.

Cinéphile averti, (Verneuil, Melville…) c’est à l’acteur de Pépé le Moko qu’il emprunte son pseudonyme. Il se livre aujourd’hui sans façons et sans tabous dans ce roman autobiographique, avec le style si singulier qui est le sien, entre langage familier et poésie.

Son témoignage est une véritable claque dans la figure, un coup de poing en plein coeur, un électrochoc dans les neurones ! Avec une langue fleurie (on pense parfois même à Raymond Queneau, Frédéric Dard et Michel Audiard bien sûr…), percutante, belle, touchante, l’homme se raconte sans fards ni complaisance, comme tout ce qu’il fait, avec les tripes.

« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » (Nietzsche) pourrait être la devise de Jean Gab’1, les coups durs, il connait, les coups bas, il en a souffert, les coups dans le ventre, il en a donné… Dans son livre, il règle de vieux comptes, lâche des vérités, rend hommage à ceux qui en valent la peine.

Son témoignage émeut, secoue, perturbe… une belle leçon d’humilité…

Fiche technique

Format : broché
Pages : 314
Editeur : Don Quichotte
Sortie : 17 janvier 2013
Prix : 16,90 €