Mission Firefox – Avis +

Piotr Vassilievitch Branovitch ne considérait plus l’Américain avec perplexité. Ils s’étaient mis à parler du Mig-31, le Firefox comme l’OTAN l’appelait. Il avait vu alors l’ardeur, l’appétit presque sexuel qui brillait dans les yeux de Gant, et il n’avait plus douté que Buckholz eût choisi le pilote qu’il fallait.

Il se nommait Mitchell Gant. Il a pris de nombreuses identités pour parvenir à son objectif. Celui qui a été pilote de combat au Vietnam est récemment devenu homme d’affaires britannique et « criminel économique » (trafiquant de drogue) au sein de l’URSS. Puis il a endossé l’uniforme d’officier du GRU chargé de la protection du prototype du Mig-31. Il doit à présent revêtir la combinaison de vol du pilote d’essai de cet avion révolutionnaire afin de le dérober et de le mener à l’Ouest en affrontant toute la défense antiaérienne soviétique.

Avant le film de Clint Eastwood Firefox l’arme absolue l’écrivain britannique Craig Thomas rédigea son roman d’espionnage en 1977. Si le danger de ce nouvel avion de combat, furtif avant l’heure, possédant une vitesse triple de celle des intercepteurs occidentaux et doté d’un système de tir à commande télépathique est mis en évidence, l’accent est mis sur la psychologie des personnages.

Les dissidents russes qui aident Gant à évoluer au sein de l’Union Soviétique sont parfaitement conscients d’être utilisés par les services secrets anglais. Ceux-ci ont exploité l’antisémitisme russe pour recruter essentiellement des Juifs évoluant au sein d’une société hostile. L’un des conjurés dont la femme a été emprisonnée depuis de nombreuses années redoute que le séjour au goulag ait si marqué son épouse qu’elle ait pu être libérée et qu’il ne l’ait pas reconnu s’il avait croisé dans la rue.

Dans l’autre camp le colonel Kontarsky organise la traque dans un mélange d’enthousiasme et d’abattement. De ce fait son adjoint, ayant parfaitement identifié le caractère cyclothymique de son supérieur hiérarchique, mène de son côté une enquête qu’il veut plus efficace. On trouve également de nombreux dignitaires du régime soviétique dont l’authentique Youri Andropov, le chef du KGB ainsi que le Premier Secrétaire. Ce dernier n’est pas nommé, sans doute parce que l’action se déroule dans le futur proche par rapport à la date de rédaction du roman.

On remarquera qu’en temps de crise il ne peut résister à la tentation d’exercer le pouvoir et la terreur sur ceux qui l’entourent. C’est ainsi qu’il retarde de plusieurs minutes la poursuite pour s’adresser personnellement au pilote du second Firefox.

De son côté le général Vladimirov, brillant tacticien et faisant preuve d’imagination pour cerner les intentions de Gant, est partagé entre son devoir et sa survie qui s’avèrera problématique s’il s’oppose aux décisions du président du Praesidium du Soviet Suprême.

Celui qui a bouleversé les ambitions et les existences mêmes de nombreux citoyens soviétiques est un homme souffrant de stress post-traumatique. Les flash-backs qui se manifestent au plus mauvais moment affectent sa mission.

Néanmoins il est extrêmement motivé par le plus grand des enjeux : « à la fin du voyage, tel un monstrueux prix de bonne conduite donné à un enfant, l’attendait un jouet scintillant : le Mig.« . Tuant et progressant vers son objectif, il s’efforce d’atteindre l’avion le plus extraordinaire qui ait jamais été construit et qui l’attend.

Ce technothriller rude et incisif a révélé un auteur dont l’oeuvre aurait mérité d’être d’avantage traduite en français.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 303
Traduction : Dominique Peters
Editeur : Belfond
Sortie : 1980
Prix : épuisé, mais disponible d’occasion