L’enfant aux cailloux – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Elsa Préau est une retraitée bien ordinaire.

De ces vieilles dames trop seules et qui s’ennuient tellement – surtout le dimanche – qu’elles finissent par observer ce qui se passe chez leurs voisins. Elsa, justement, connaît tout des habitudes de la famille qui vient de s’installer à côté de chez elle. Et très vite, elle est persuadée que quelque chose ne va pas. Les deux enfants ont beau être en parfaite santé, un autre petit garçon apparaît de temps en temps – triste, maigre, visiblement maltraité.

Un enfant qui semble l’appeler à l’aide. Un enfant qui lui en rappelle un autre… Armée de son courage et de ses certitudes, Elsa n’a plus qu’une obsession : aider ce petit garçon qui n’apparaît ni dans le registre de l’école, ni dans le livret de famille des voisins. Mais que peut-elle contre les services sociaux et la police qui lui affirment que cet enfant n’existe pas ? Et qui est vraiment Elsa Préau ?

Une dame âgée qui n’a plus toute sa tête ? Une grand-mère souffrant de solitude comme le croit son fils ? Ou une femme lucide qui saura croire à ce qu’elle voit ? Sophie Loubière, en reine du roman psychologique, brosse un bouleversant portrait de femme en proie à la violence ordinaire et touche en plein coeur.

Avis de Marnie

Présenter Sophie Loubière comme la « reine du roman psychologique » est franchement très exagéré. L’enfant aux cailloux est un honnête polar aux rebondissements attendus, tout ça parce que l’auteur s’est laissée aller à distiller de gros indices. Ainsi lorsqu’elle nous raconte en quelques très brefs paragraphes le ressenti d’Elsa alors enfant, qui évoque sa mère mystérieusement disparue dont le sujet est tabou, et qu’elle nous dit que la petite fille rêve de petites étoiles jaunes alors que nous sommes en 1950, si vous n’avez pas compris, c’est que vous aviez l’esprit ailleurs.

La principale qualité du roman se situe au niveau de la qualité de l’histoire, les bonnes idées de scénario, comme la dramaturgie autour du fait divers, même si là encore, on peut s’en féliciter, Sophie Loubière crée un contexte hors réalité actuelle… C’est à dire que même si nous sommes en Seine-Saint-Denis, l’auteur ne se sent absolument pas obligée (et elle a bien raison) de parler de minorités, d’intégration sociale ou autres sujets brûlants de ces dernières années.

Cependant, ce qui parvient à retenir l’attention du lecteur, c’est surtout l’introspection de Martin, le fils d’Elsa, avec ce mélange intéressant d’amour/haine qu’il éprouve envers sa mère et qui influe sur ses choix d’existence, une sorte de dérive émotionnelle qui constitue le meilleur moment du livre. Plus naturel, plus humain, nous nous focalisons sur ce personnage qui montre quelques facettes émouvantes, et non sur Elsa.

Sophie Loubière ne réussit pas à rendre attachante son héroïne. Est-ce sa façon de décrire le quotidien d’Elsa ? Ses lettres incessantes avec ce ton comminatoire agaçant ? Son refus de nier certaines réalités qui la dérangent et que nous avons compris bien avant qu’elles nous soient expliquées ? Son amertume ? Qu’elle ne soit pas sympathique, c’est une chose, mais l’auteur aurait pu ajouter quelques petits détails qui créeraient une empathie de la part du lecteur.

Un style classique au vocabulaire appliqué… écrit comme un polar à la française des années 1980, alors que le genre a profondément évolué depuis !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 334
Editeur : Fleuve Noir
Sortie : 14 avril 2011
Prix : 17,50 €