Le Rêve de la Grenouille – Avis +

Présentation de l’éditeur

La Route, c’est un drôle d’univers, quelque part entre Nancy et campagne, les demeures bourgeoises et les commerces d’un côté, les maisons populaires et les lavoirs de l’autre, une gare de triage à un bout, la brasserie de Champigneulles en face.

Mais La Route, c’est avant tout le paradis de Lise, «la Grenouille», qui grandit là, dans l’amour des siens, très modestes, tiraillée entre une mère fantasque et une grand-mère autoritaire. Les mystères de la vie interpellent la fillette sans cesse à l’affût d’expériences, de mots savants et de révélations à propos d’une lointaine tante paternelle, tellement exotique, car «russe».

Une décennie d’enfance drôle, douce et colorée, d’où émergent de savoureux portraits au féminin et un formidable appétit de vivre.

Avis de Marnie

Chronique d’une petite fille heureuse… pourrait être sous-titrée ce récit de la journaliste Elise Fischer. En effet, l’auteur évoque sa petite enfance dans un petit village lorrain de la banlieue de Nancy… L’auteur choisit de recréer les émotions, le ressenti de cette petite gamine frondeuse qui observait ses proches sans bien comprendre les réactions des uns et des autres.

Son univers ? Une mère née « près de chez les boches » qui transforme sa petite fille en Gretchen sous les moqueries des voisins, et toute la famille qui vit sur La Route, dans la maison d’une grand-mère lorraine acariâtre. D’un souvenir à l’autre, nous visitons l’école, les récréations, et surtout le lavoir centre stratégique primordial du village.

Peu à peu, entre 1950 et 1960, le paysage social va changer. La Route semble partagée en deux, entre les ouvriers communistes de la sidérurgie et bien sur, les plus riches, commerçants, cafés, l’église… Une vraie fracture à la Don Camillo, que notre petite héroïne raconte avec entrain, le problème existentiel récurrent étant : comment fait-on les bébés ?

Entre ces familles fières des nombreuses fratries d’une dizaine d’enfants, Lison, surnommée la Grenouille, car c’est un pays où tout le monde possède un surnom, observe avec souvent beaucoup de perplexité et de rire, l’évolution sociale pendant une décennies des fameuses Trente glorieuses.

La Grenouille nous raconte des anecdotes, mais aussi les us et coutumes d’une époque et d’une région, avec pour seul moment d’évasion, l’évocation d’une mystérieuse tante de Russie… exotique à souhait. Derrière les pleurnicheries, tours pendables, chamailleries récurrentes entre sa mère et sa grand-mère, viennent s’ajouter dans un paysage déjà difficile, que la petite fille perçoit mais accepte comme une fatalité, la guerre d’Algérie, la naissance des villes nouvelles ou des quartiers HLM… et puis soudain, le choc : le traumatisme réel du passage en sixième, dans un collège immense et impersonnel de Nancy.

L’originalité vient plutôt du ton qui joue plus sur l’émotion et le sourire que sur la nostalgie. Le style d’Elise Fischer est résolument alerte, faussement naïf parfois mais toujours très tendre, avec l’intervention de personnages pittoresques qui ont pour point commun d’être le plus souvent chaleureux, avec une mention spéciale pour Poulette, la maman, une femme bien plus subtile que nous pouvions le penser.

Rafraîchissant !

Fiche Technique

Format : broché

Pages : 312

Editeur : Presses de la cité

Collection : Terres de France

Sortie : 17 février 2011

Prix : 18,50 €