Christian Karembeu, Kanak – Avis +

Présentation officielle

« En ce début d’été austral, un ciel bleu et limpide auréolait les montagnes et le lagon qui enserraient l’aéroport international de Nouvelle-Calédonie. Christian songeait à la vie insouciante qu’il laissait derrière lui. Dans son sac de sport, il avait jeté à la hâte des tee-shirts, un short, la paire de Puma offerte par son père, des coquillages et un manou. Ce coupon d’étoffe lui avait été solennellement remis par les anciens de son clan, lors d’une cérémonie traditionnelle, afin qu’il n’oublie jamais sa culture. »

L’histoire de Christian Karembeu est celle d’un exil : en 1988, l’adolescent passionné de football quitte son archipel natal pour rejoindre un centre de formation en métropole. Dix ans plus tard, il est sacré champion du monde au cours d’un tournoi devenu légendaire. Le joueur de renommée internationale, époux du mannequin slovaque Adriana Sklenarikova, a su se forger une identité au-delà des frontières mais n’a pas oublié l’histoire douloureuse de son peuple.

Christian, dont l’arrière-grand-père fut exhibé au Jardin d’Acclimatation de Paris lors de l’Exposition coloniale de 1931, grandit dans la coutume insulaire sur la petite île de Lifou et fut plus tard le témoin des « événements » de Nouvelle-Calédonie. Kanak envers et contre tout, il demeure profondément attaché à ses racines et se consacre aujourd hui à la promotion du continent océanien dans le monde.

Ce portrait retrace son parcours exceptionnel. Il est écrit avec sa collaboration.

Anne Pitoiset et Claudine Wéry sont journalistes et vivent en Nouvelle-Calédonie. Proches de Christian Karembeu, elles ont par ailleurs une excellente connaissance de la culture kanak.

Christian Karembeu a pris sa retraite sportive. Ambassadeur touristique de Nouvelle-Calédonie, il est le représentant de la Fifa dans le Pacifique Sud.

Avis de lady Clare

Très nombreuses sont les anciennes étoiles du sport à proposer leur biographie, pas forcément intéressante pour un public non-spécialisé. Celle de l’ex-footballeur Christian Karembeu, qui s’arrête à l’orée de l’année 2011, faisant ainsi l’impasse sur les derniers déballages médiatiques sur sa vie privée, a le mérite d’être avant tout un vif plaidoyer ainsi qu’un grand cri d’amour en faveur de son île natale, la Nouvelle-Calédonie.

L’essentiel du texte suit le parcours de Christian, qui n’a connu que les limites de sa petite île de Lifou jusqu’à l’âge de neuf ans. Son parcours est remarquable : son arrivée sur le continent à l’âge de dix-sept ans, en passant par ses succès sportifs et ses combats pour la reconnaissance de la culture kanak – l’une de ses actions les plus symboliques avait été de ne pas chanter La Marseillaise pendant la Coupe du Monde de Football en 1998 en hommage à son arrière-grand-père qui avait subi l’humiliation d’être exhibé comme un animal au Jardin d’Acclimatation -, jusqu’à son travail actuel dans le continent qui l’a vu naître.

Les deux journalistes, Anne Pitoiset et Claudine Wéry, maîtrisent parfaitement leur sujet. La biographie est née de discussions avec Christian Karembeu et ses proches, notamment Adriana Sklenarikova, sa vie nous est également résumée en quelques pages, vie qui n’a pas toujours été, au fin fond de la Slovaquie derrière le Rideau de Fer, celle des paillettes. Nous apprenons que Christian a appris le slovaque, s’est imprégné de la culture d’Europe de l’Est si différente de la sienne, et qui pourtant la rejoint parfois, notamment sur de jolis symboles, par exemple Slovaques et Kanaks plantent un arbre quand naît un enfant.

Cette biographie se laisse lire sans déplaisir, même si l’on n’est pas forcément fan de football, tant la culture kanak est admirablement mise en valeur, d’une manière personnelle et intime, on y apprend une quantité de petits détails, comme si l’on en discutait avec un ami.

Le parcours sportif n’est pas oublié pour autant, chacune des personnes qui a compté dans la carrière de Christian Karembeu fait l’objet d’un hommage, notamment Aimé Jacquet. Au-delà des mots, on imagine aisément combien la transition a dû être brutale pour le jeune insulaire et combien l’attachement à ses origines lui a insufflé la force nécessaire pour se battre.

A l’issue de la biographie, les auteurs ont ajouté quelques pages sur l’histoire et la politique de la Nouvelle-Calédonie, ainsi qu’une chronologie des évènements marquants de l’île et de Christian Karembeu et sa famille. Un encart de photographies personnelles nous révèle quelques beaux portraits et instants de vie, cependant on regrette vivement de ne pas y découvrir des clichés de cette Nouvelle-Calédonie tant aimée.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 272
Editeur : Don Quichotte
Sortie : 24 février 2011
Prix : 17 €