Le Pays de l’absence – Avis +

Présentation de l’éditeur

Elle attend avec une certaine inquiétude sa mère qui vient de Casablanca pour les fêtes de Noël. Depuis un certain temps, elle a d’étranges oublis et des manies bizarres comme prétendre que son petit singe en peluche est un animal vivant.

Elle a certes toujours été capricieuse et coquette, flottante et frivole, aimant le bridge et les soirées où les hommes l’entouraient, ne connaissant rien des responsabilités, mais les symptômes qu’elle présente dès son arrivée à Paris ne permettent plus de fuir la vérité.

Sa mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer, et assez fine pour tenter d’en masquer certains traits trop voyants. Comment garder calme et patience, comment lui manifester tendresse et confiance quand son comportement est de plus en plus aberrant ? Elle ne sait plus où elle est, a perdu la notion du temps, répète en boucle les mêmes phrases puis se reprend et se rebelle.

Comment vivre face à ce naufrage qui inverse les rôles ? La fille devient la mère, la mère redevient une petite fille. Mais en réalité, Christine a toujours protégé sa mère : elle n’a jamais eu d’enfance et ce qu’elle contemple n’est que le long acheminement d’une relation conflictuelle qui l’a piégée toute sa vie.

Un livre pudique et émouvant sur les relations mère-fille à cet âge de la vie où tout s’inverse, où les émotions à vif replongent dans les souvenirs d’enfance, où les manquements, les défaillances maternels sont analysés en regard de ce qu’on est devenu.

Récit intime autant que témoignage, il explore sans pathos, avec des mots justes et simples, l’impuissance devant un être aimé qui sombre dans l’absence.

Avis de lady Clare

Le Pays de l’absence est un joli choix de titre pour ce roman à l’écriture pudique et sensible malgré un sujet intime, la maladie d’Alzheimer. Christine Orban nous fait entrer comme en catimini dans l’aveu de ce fléau qui vole les mémoires de nos ancêtres et qui, il y a encore peu de temps, était un véritable tabou.

Durant la période de Noël, hautement symbolique dans l’image d’Epinal des familles, la narratrice va devoir faire face pour la première fois à la déchéance de sa mère. Jusque là, elle n’osait y croire. Le plus dur pour elle va être de l’accepter et surtout de trouver la meilleure façon de réagir.

La relation mère-fille n’est pas évidente, et les origines de ce malaise prennent racine dans l’enfance. Née d’une mère trop jeune, Christine a eu du mal avec son caractère fantasque et parfois immature, ne trouvant pas chez elle les repères qui font grandir dans la confiance. Ces réminiscences la poussent à se poser cette question angoissante « comment être mère quand on n’a pas été enfant ? ».

Les absents, un père peu connu, une sœur morte trop tôt, s’invitent dans une réalité qui n’existe que dans la tête de la mère. A 73 ans, elle ne fait pas son âge, elle a toujours été coquette et fière de l’être, mais la maladie commence à la diminuer, même physiquement. Christine refuse cette dégradation du corps et de l’esprit.

Au-delà du thème de la maladie, ce roman est avant tout une histoire d’amour entre mère et fille, avec des rapports parfois inversés, des comptes à régler, des souvenirs à exorciser et des non-dits à briser. C’est à ce prix seulement que la narratrice arrivera à accepter la maladie de sa maman.

Le roman est écrit à la première personne, véritable exercice de récit autobiographique, mais nul doute qu’il fera écho dans la vie de nombreux lecteurs. Christine Orban sait trouver les mots qui donnent le sourire à ces maux si douloureux.

Un poignant témoignage et un beau roman.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 169
Editeur : Albin Michel
Sortie : 5 janvier 2011
Prix : 15 €