Les écorchés – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Rebecca Volconte, grand reporter, enquête sur le trafic d’organes en Chine. Elle rencontre Darwin, jeune journaliste américain d’origine chinoise, qui décide de se rendre sur place. De son côté, elle fait la connaissance d’un artiste adulé aux œuvres controversées : des cadavres écorchés qu’il met en scène et expose.

Avis de Marnie

Véronique Chalmet est un écrivain et journaliste français, qui vit à New York, ce que l’on apprécie ici lorsqu’elle prend la température de la Grosse Pomme avec une certaine réussite.

Intéressée par les destins exceptionnels, comme la grande prêtresse de l’art contemporain Peggy Guggenheim, la chanteuse de jazz au destin tragique Billie Holliday, ou encore la parricide Violette Nozières, condamnée à mort et réhabilitée après un parcours étonnant, l’auteur, dans cette fiction, créé un serial killer « fascinant ».

Non seulement, il captive les foules comme le gourou d’une secte, mais devient l’unique préoccupation de notre journaliste héroïne qui va se laisser entraîner dans cette recherche artistique où se confrontent l’humain, la mort et la sculpture. Parallèlement, la même enquête sur le trafic d’êtres humains va déboucher sur un commerce d’organes organisé par un régime totalitaire.

Le point positif est l’intérêt que l’on porte à l’enquête menée à Pékin, en tout point passionnante, comme la fuite éperdue que Darwin Lee et son chauffeur Elvis, effectuent à la façon d’un road movie à travers l’immense territoire chinois. Nous regrettons à chaque fois de les quitter pour retrouver Rebecca, dont l’évolution prévisible n’est pas à la hauteur de nos attentes.

Véronique Chalmet sous-entend une critique des dérives liées à l’art contemporain où la provocation même la plus glauque entraîne des critiques dithyrambiques, où l’on encense le mauvais goût et l’inhumain en oubliant les sentiments et le ressenti. Cela permet ici à un serial killer d’obtenir l’impunité pour des méfaits qu’il commet presque au vu de tous, avec un cynisme méprisant…

Nous nous perdons alors dans la forêt amazonienne où Joseph Farkas se conduit comme dans ce vieux classique de 1932, La chasse du Comte Zaroff. Cela effraye le lecteur bien évidemment, mais n’apporte rien à son récit, sauf de casser le rythme.

D’une façon nettement plus passionnante, Darwin Lee et Elvis constituent même des héros plus complexes et attachants que Rebecca. Leur passé, leurs motivations, leurs réactions apportent une certaine émotion à ce récit où le danger est présent dès le moment où Darwin pose le pied à Pékin. La Chine nous est présentée comme une énorme machine où la torture et la mort représentent le quotidien.

Arrestations arbitraires, disparitions de milliers de personnes, exécutions sommaires, déplacement d’un peuple, destruction de villages entiers, embrigadement d’une partie de la population à la cause, dénonciations calomnieuses et intéressées, corruption… le portrait au vitriol que dresse Véronique Chalmet est aussi impressionnant que captivant. C’est donc dommage qu’elle n’ait pas centré son intrigue sur le seul trafic d’organes où il y avait matière à développer de nombreux thèmes qu’elle ne fait ici qu’effleurer.

Au final, de vraies qualités, mais peut certainement beaucoup mieux faire !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 372
Editeur : Flammarion
Collection : Thriller
Sortie : 2 février 2011
Prix : 19,90 €