Présentation de l’éditeur
Avis de Callixta
Christine Wells est l’un de ses auteurs qui montrent le dynamisme du vivier anglosaxon. Elle a publié seulement quatre livres dont un a remporté l’équivalent des RITA pour les auteurs amateurs et, depuis, elle n’a pas cessé de s’améliorer. Ce roman est son troisième et s’il n’a pas été récompensé, il a tout de même été remarqué, tout à fait à juste titre. Précisons de plus que Christine Wells est Australienne et qu’elle vient encore conforter notre excellente opinion de la romance de cette lointaine contrée. Il est vrai que les auteurs de romances historiques sont plus rares là bas, mais elle y a tout à fait sa place.
Le roman a un résumé relativement accrocheur, mais il dissimule la profondeur de son propos. Sarah Cole est mal mariée. Après une dizaine d’années d’union, elle sait que son époux la trompe, est un joueur malchanceux qui les a mis sur la paille et n’a guère de scrupule. Mais elle est totalement choquée lorsqu’elle apprend qu’il a proposé au marquis de Vane une nuit avec elle contre dix mille livres. Cette insultante démarche va enclencher une série d’évènements qui va bouleverser la vie de la jeune femme et de son entourage.
Si la scène de départ ne manque pas d’intérêt dans une romance Régence classique, nous pouvions légitimement nous demander comment l’auteur allait se sortir de cette situation. Soit, elle allait vite reculer et retomber dans une histoire plus convenue ou alors risquer le scabreux pour le bien du livre. Elle a trouvé une troisième voie pour notre plus grand plaisir. Loin d’affadir son propos, elle va au contraire l’approfondir sans jamais s’égarer.
Ce qui frappe, c’est la capacité que Christine Wells a à communiquer le torrent émotionnel qui ravage ses héros. C’est une romance passionnée, forte où les personnages s’interrogent beaucoup sur leurs motivations, leurs états d’âme et composent avec leurs fêlures. Le portrait de Sarah est particulièrement réussi.
C’est une jeune femme troublée, traumatisée parce qu’elle considère comme une terrible erreur de jugement de sa part : elle n’a pas su voir dans son époux, le gamin immature qu’il est. Sa fierté, son orgueil même lui interdisent de le reconnaître et elle vit depuis, loin de sa famille, seule, confrontée à un époux qui la déçoit de plus en plus.
Ce qui est passionnant, c’est que Sarah n’a pas que des côtés sympathiques, elle n’est pas qu’une victime d’un triste sire, elle est aussi en partie responsable de ce qui arrive et le roman va permettre de le comprendre et d’accepter les conséquences de ses actes. Cette partie est très brillante. Face à elle, le marquis de Vane est un personnage fort, amoureux depuis des années d’une femme qu’il ne peut avoir et qu’il soutient malgré tout dès qu’il le peut. Il va prendre beaucoup de coups en se rapprochant d’’elle.
Autre très agréable surprise, c’est la qualité de l’intrigue. La proposition malhonnête de l’époux de Sarah n’est que la partie émergée de divers trafics auquel il s’adonne. La jeune femme va peu à peu les découvrir et des révélations assez fracassantes vont en découler. C’est surprenant, amené avec finesse et enrichit le roman. Cela donne aussi un rôle intéressant à Cole, qui est un personnage plus nuancé qu’il pouvait apparaître au départ.
Ce roman est donc une profonde réussite seulement entachée par quelques maladresses, mais il serait sévère de s’y arrêter vraiment. Ce n’est pas le début d’une série mais un ami du Marquis de Vane est le héros du roman suivant et il est fort probable que ses frères reviennent aussi dans leur propre histoire un jour.
Voilà donc une excellente surprise de cet auteur encore discret et qui s’exprime dans un genre très fréquenté. Mais elle tire tellement bien son épingle du jeu adoptant résolument un ton passionné et tumultueux qu’il est évident qu’elle mérite qu’on se penche de nouveau et très vite sur on œuvre
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 320
Editeur : Berkley
Sortie : 7 juillet 2009
Langue : anglais
Prix : 6,50 €