Bons baisers de Bruges – Avis +

Résumé

Après un contrat qui a mal tourné à Londres, deux tueurs à gages reçoivent l’ordre d’aller se faire oublier quelque temps à Bruges. Ray est rongé par son échec et déteste la ville, ses canaux, ses rues pavées et ses touristes. Ken, tout en gardant un oeil paternaliste sur son jeune collègue, se laisse gagner par le calme et la beauté de la cité.

Alors qu’ils attendent désespérément l’appel de leur employeur, leur séjour forcé les conduit à faire d’étranges rencontres avec des habitants, des touristes, un acteur américain nain tournant un film d’art et essai européen, des prostituées et une jeune femme qui pourrait bien cacher un secret.

Avis d’Enora

Ce film, qui a souffert d’une mauvaise promotion française avec un titre et un sous-titre mal choisis et une distribution restreinte dans les salles, risque d’échapper à un grand nombre de spectateurs et c’est franchement dommage ! D’abord pour la visite de la merveilleuse ville de Bruges et de tous ses trésors culturels que nous offre le réalisateur, et ensuite parce que c’est un bon film, écrit et dirigé par Martin McDonagh, homme de théâtre anglo-irlandais, qui a gagné un Oscar en 2006, pour son court-métrage, Six Shooter.

Pour son premier long-métrage, Martin McDonagh réussit la gageure de nous offrir un film d’action avec des personnages complexes qui se débâtent avec les notions de dette, de culpabilité et de rémission. Parodiant Gus van Sant, ce film aurait pu s’appeler Même les tueurs à gages ont du vague à l’âme. A l’instar de Bruges qui change au fil des saisons, les personnages évoluent au gré de leurs relations qui interfèrent. Les convictions sont ébranlées, des tourments existentiels affectent des individus qu’on imaginerait imperméables à ce type de réactions, jusqu’à ce que les démons intérieurs en viennent à prendre le dessus, le décrit si bien Colin Farrell dans une interview.

Mais la réussite du film s’appuie aussi sur le scénario qui flirte continuellement avec l’absurde et l’humour noir, les dialogues incisifs et souvent désopilants et le jeu génial des deux acteurs principaux, Colin Farrell et Brendan Gleeson. La complicité entre les deux comédiens irlandais (complicité qui éclate sur les bonus du DVD, déjà sorti aux USA) donne crédibilité et profondeur à la relation entre Ken, un tueur à gage aguerri qui se découvre une sensibilité toute neuve au contact de Bruges et Ray, son jeune collègue rongé par la culpabilité. Les échanges entre les deux hommes oscillent en permanence entre l’émotion, le comique et le dramatique, avec en permanence une touche d’auto-dérision qui semble être la griffe du réalisateur . Les personnages secondaires sont excellents, que ce soit Ralph Fiennes, en psychopathe à principes, Clémence Poésy, en charmante dealer ou Jérémie Rénier méconnaissable en skinhead rancunier. Et pour couronner le tout une fin surprenante et surréaliste à l’image de ce film qui est vraiment la bonne surprise de ce début d’été !

Pour comparaison, voici l’affiche américaine !

Fiche technique

Sortie : 25 juin 2008

Genre : comédie policière

Durée : 101 minutes

Avec Colin Farrell, Brendan Gleeson, Ralph Fiennes, Clémence Poésy et Jérémie Rénier

Titre original : In Bruges