Cherche auteur désespérément – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Lorsque la librairie de San Francisco où elle travaille ferme ses portes, Angel Robinson cherche un emploi dans l’édition. Elle a la chance de décrocher un poste d’assistante dans une prestigieuse agence littéraire.

Angel y découvre une directrice hystérique, des collègues lunatiques et des auteurs pour le moins capricieux.

Elle réussit pourtant à se rendre indispensable et repère plusieurs projets intéressants. Un en particulier : le roman d’un auteur anonyme, livré à l’agence chapitre par chapitre. Angel tombe sous le charme au gré des envois du mystérieux écrivain. Jusqu’au jour ou elle comprend que le texte, qui se transforme peu à peu en polar, s’inspire de sa propre vie…

Les amoureux des livres adoreront le regard impitoyable que Debra Ginsberg pose sur le petit monde de l’édition dans cette satire jubilatoire.

Avis de Trinity

Pour son premier roman, Debra Ginsberg voulait dépeindre le monde féroce de la littérature et surtout les coulisses des agences représentant les auteurs et vendant les manuscrits aux différentes maisons d’éditions. Cela devient une manière drôle et surprenante d’apprendre les mécanismes de fabrication, plus ou moins superficiels, des best-sellers de demain, portée par un style impeccable. Hélas, à force de lorgner vers le désormais culte Le diable s’habille en Prada, version littérature, l’intrigue et les personnages n’en deviennent plus originaux et l’humour quasi-absent de l’ouvrage. Cela est dommage tant l’idée de base est pertinente et intéressante, du moins du point de vue des amoureux des livres.

Angel Robinson est une jeune femme un peu paumée qui ne sait pas exactement ce qu’elle souhaite faire de son existence. Très grande lectrice et passionnée des livres, elle travaillait dans la librairie de celle qui est devenue une amie jusqu’à ce que cette dernière mette la clé sous la porte. Son petit ami Malcolm, écrivain, lui déniche alors une offre d’emploi d’assistante d’une des personnes les plus puissantes du monde littéraire. D’abord effrayée, elle prend son travail de plus en plus à cœur malgré la figure intimidante et brusque de sa patronne, Lucy Fiamma. Alors qu’elle s’efforce de dénicher les manuscrits les plus prometteurs, ses relations avec Malcolm et Lucy se dégradent tandis qu’un mystérieux auteur lui fournit régulièrement les chapitres d’un récit troublant se passant dans une agence littéraire.

Face au mépris et aux humiliations répétées de Lucy, Angel fait preuve d’une incroyable passivité, renforcée par la narration à la première personne de son propre point de vue, prouvant qu’elle n’a que rarement le courage nécessaire ou même la volonté de rabattre le caquet à sa patronne. Cela en fait un personnage assez faible et peu sympathique, de sorte que le lecteur ne peut pas compatir pleinement à l’enchainement de ses malheurs, petits et grands. Et pourtant, elle est intelligente et talentueuse lorsqu’il s’agit de son travail, mais elle fait preuve d’une grande maladresse dans les relations avec les autres. Elle se laisse donc porter par le courant et les évènements, heureux et malheureux, qui fondent sur elle sans qu’elle le veuille. Heureusement, elle se réveille plus tard, permettant un happy end de circonstance quoique assez convenu.

Le personnage le plus charismatique et donc le plus intéressant est sans conteste Lucy Fiamma qui éclipse pratiquement Angel. Femme de poigne, elle abat un travail monstrueux et traite ses employées comme des domestiques, tant au sens métaphorique que littéral. Elle éprouve néanmoins une certaine affection envers Angel, qu’elle prend en quelque sorte sous son aile. Véritable double de Miranda Priestly du roman de Lauren Weisberger, elle dissimule des secrets qui se révèlent avec surprise dans un rebondissement inattendu. Le lecteur finit par se délecter de la jubilation, qu’il partage d’ailleurs parfois, de Lucy lorsqu’elle lance ses piques envers les autres. Condescendante, blessante et plus que tout autoritaire, elle donne l’impression d’être un roc inébranlable, alors qu’elle n’est qu’un colosse aux pieds d’argile.

L’intrigue est convenue et évolue aisément, l’étincelle de folie étant absente du récit, excepté l’humour cynique de Lucy. Un roman sans grande originalité donc mais qui devrait ravir ceux qui ont aimé Le diable s’habille en Prada et plus généralement ceux qui seraient curieux du travail des agences et éditeurs littéraires.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 366
Editeur : Presses de la Cité
Collection : Roman
Sortie : 7 mai 2008
Prix : 20€