Arte – La mort aux trousses

Inutile même de raconter l’histoire de ce romantic suspense, considéré comme le plus abouti des divertissements de Hitchcock. Tout y est :

– l’intrigue ou l’on assiste à une complexe et improbable affaire d’espionnage (tout commence avec la fameuse phrase «on demande Monsieur Kaplan au téléphone», qui fait basculer la vie tranquille de notre publiciste de héros dans un cauchemar).

– les morceaux cultes de bravoure : Hitchcock et le scénariste Ernest Lehman se demandaient qu’est-ce qu’ils pouvaient faire d’autre qu’une scène de nuit, dans les rues pluvieuses d’une mégapole, ou des tueurs avec des revolvers poursuivent le héros… et décident de prendre le contre-pied de cette idée convenue… en mettant Cary Grant, de jour, dans un immense champ de maïs et poursuivi par un avion, ce qui deviendra une des plus plus grandes réussites du genre ! Quant au final sur le Mont Rushmore avec le méchant Martin Landau tentant de tuer une nouvelle fois Cary Grant… haletant et magnifiques plans ciselés !

– une histoire d’amour : Eva Marie Saint a rarement été aussi convainquante. Elle représente une héroïne froide à l’extérieur mais bouillante à l’intérieur. Le couple charismatique et passionné qu’elle forme avec Cary Grant est plus que crédible… il est aussi passionné, passant de scènes sensuelles à la trahison, en quelques gros plans figés sur des visages torturés…

– des méchants odieux : Le couple formé par le très calme, faussement débonnaire et dangereux James Mason, et le glacial et psychopathe Martin Landau est une réussite du genre. Il suffit de quelques mots pour insuffler la terreur… Angoissant !

– l’humour : des dialogues étincelants lancés par un Cary Grant au mieux de sa forme qui joue avec un faux cynisme sur son image de héros flegmatique et ironique à l’extérieur et de personnage torturé et passionné à l’intérieur… cette ambivalence trouvant son apogée dans la scène de la mise aux enchères où il doit trouver un moyen de ne pas se faire emmener par les tueurs. L’amusement devient de l’efficacité…

– les thèmes chers à Hitchcock : un homme ordinaire plongé dans une situation extraordinaire, un couple de héros qui n’ont rien en commun mais qui sont réunis grâce à la tension nerveuse du danger, des scènes théâtrales qui resserrent l’intrigue (l’assassinat à l’ONU, la salle d’enchères) qui s’accélère jusqu’à l’affrontement final magnifié par la musique saccadée de Bernard Herrmann ! A cela on ajoute l’habituel clin d’œil à la censure avec le mythique dernier plan du film…

Classique mais que l’on peut revoir dix fois sans se lasser !