Sanctum – Avis +

Présentation de l’éditeur

Glasgow. Années 1990. Accusée d’avoir assassiné Andrew Gow, un tueur en série surnommé l’Écorcheur du fleuve, la psychiatre Susie Harriot encourt la perpétuité. Comment cette spécialiste éminente a-t-elle pu commettre un tel acte : sectionner la langue de son patient avant de le laisser se vider de son sang ? Pour Lachlan, son mari, il s’agit d’une erreur judiciaire. Décidé à prouver son innocence, il découvre peu à peu des zones d’ombre qui ébranlent ses certitudes. Mais impossible de renoncer à affronter la vérité. D’autant plus que si Susie n’est pas coupable d’un meurtre, elle l’est peut-être d’une faute encore plus terrible. Qui exige aussi que justice soit faite.

Avis d’Enora

L’originalité de ce thriller vient du fait qu’il est écrit sous forme de journal, tout ce que nous apprendrons de l’histoire et de sa résolution passera par la perception du mari de Susie. Mais quel crédit lui donner ? Jusqu’à quel point manipule-t-il ses souvenirs ? Vers quel but tend-il inconsciemment ?

Déboussolé par l’arrestation de sa femme, perturbé dans sa petite vie de looser, Lachlan, sous prétexte d’innocenter Susie, va fouiller avec une joie perverse dans l’intimité de sa femme. Ce couple qui semblait uni et amoureux se révèle au fil du temps en constant décalage : au début de leur mariage l’amour de Susie n’éveille qu’une sorte de condescendance tiède chez son mari mais quand elle commencera à se détacher, il tombera amoureux : « Je ne sais pas pourquoi les petits sont toujours attirés par les gosses qui ne veulent jamais jouer avec eux mais en l’occurrence je n’ai pu m’empêcher d’établir un parallèle entre nos situations ». Plus elle s’affirme dans sa carrière, plus elle prend de l’assurance, plus il devient terne, il lâche son boulot, se néglige physiquement. Par contre, au fur et à mesure que la prison la détruit, on le sent revivre, il s’habille chez Armani, va chez le coiffeur, fantasme sur l’attirance qu’il peut inspirer chez d’autres femmes.

Le génie de Denise Mina est que rien n’est certain, l’interprétation de l’histoire n’est que celle de Lachlan et à la fin du livre les doutes assaillent le lecteur. On ne connaît Susie qu’à travers l’idée que Lachlan a de son épouse. Mais ses certitudes sont-elles fondées ? Lachlan est-il objectif ? Lorsqu’il découvre les sentiments de Susie à son égard, sa blessure ne transforme-t-elle pas sa vision des choses ? Et Susie, la piètre opinion qu’elle a de son mari n’est-elle pas justifiée ? « Au fait tu as trouvé l’inspiration ? Depuis combien de temps ça dure maintenant ? Un an et demi à temps plein et vingt sept ans à temps partiel ? » Car qui est vraiment Lachlan ? Un auteur loupé qui vit aux crochets de sa femme ou un homme pour qui la paternité est la chose essentielle de sa vie ? Susie est-elle la femme castratrice que décrit son mari « Dans dix ans quand elle sortira et rentrera à la maison, elle reprendra le contrôle de ma vie… elle n’en fera qu’à sa tête jour après jour et elle me mènera à la baguette jusqu’à la mort » ou une victime abandonnée et isolée dans le manque de communication verbale qui caractérise leur relation ?

L’intrigue, fort bien menée par ailleurs, n’est que le support à une fine analyse des relations de couple. Connaît-on vraiment son conjoint ? Qu’est-ce que l’amour ? « Qu’est-ce-que l’amour au fond sinon la projection d’un fantasme ? Une toile vierge sur laquelle on peut exercer son imagination ? ». Encore une fois et dans un registre totalement différent, Denise Mina réussit à piéger son lecteur tout au long des quatre cents pages de ce thriller palpitant !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 376
Editeur : J’ai Lu
Collection : J’ai lu thriller
Sortie : 7 février 2007
Prix : 7 €