Philppe Noiret vient de nous quitter à l’âge de 76 ans

Philppe Noiret vient de nous quitter. C’était un grand seigneur, un des derniers acteurs pour qui « jouer » prenait tout son sens. Il est issu du théâtre, ce qui se sent dans toutes ses prestations. Il est resté en effet plusieurs années aux côtés de Jean Villard au TNP où il a joué avec Gérard Philippe.

Il se lance ensuite dans le cinéma, son premier grand rôle étant Zazie dans le métro (1960) de Louis Malle, complètement loufoque. Mais son premier grand succès date de 1968 avec Alexandre le bien heureux d’Yves Robert dans un rôle qui lui va à merveille, en réaction contre l’ordre établi . Il perce donc tard, à 39 ans.

Depuis, il tourne avec les plus grands cinéastes engagés : Yves Boisset (L’attentat), Bertrand Tavernier (L’horloger de Saint-Paul, Que la fête commence), et en 1976, année de création des césars, il est très justement récompensé pour Le vieux fusil de Robert Enrico, où il assiste, impuissant, au massacre de sa femme (Romy Schneider) par les nazis, un rôle bouleversant où, contrairement à son habitude, il est silencieux, on sent en lui le drame intérieur.

Le film qui m’a le plus touché est Les lunettes d’or de Guliano Montaldo (1987) où il joue un homosexuel rejeté par la bonne société italienne au début du XXe siècle, rôle évidemment de pure composition, puisque dans la vie, il est resté étonnamment fidèle à sa femme, la comédienne Monique Chaumette. Il a eu une carrière en effet moins connue mais tout aussi brillante en Italie, en particulier le rôle de Pablo Neruda dans Le facteur, et celui d’un montreur de cinéma dans Cinéma Paradisio de Giuseppe Tornatore.

Il a tourné en fait avec les plus grands cinéastes français et italiens, avant de revenir sur les planches en 1997 dans Les côtelettes de Bertrand Blier, qui sera ensuite adapté au cinéma, lui permettant de venir à Cannes une dernière fois. Depuis, sa carrière au cinéma sera plus ralentie. C’est Michel Boujenah qui lui offre un rôle en or en 2003 comme père autoritaire et manipulateur dans Père et fils, mais c’est au théâtre qu’il finira sa carrière (comme il l’avait commencée) aux côtés de sa vieille complice Anouk Aimée.

Un grand bonhomme du cinéma et du théâtre vient de partir. Il ne nous reste plus qu’à revoir avec délice les 125 films où il a laissé sa patte merveilleuse.