Démonstration par l’exemple

Le magazine La Recherche du mois de juin nous explique, dans un article sur les neurosciences que notre cerveau a une âme. Ou, du moins, qu’il réagit à des stimulis moraux en jugeant (donc en apportant une condamnation ou une validation) à l’aide de notre conscience [[correspondant à nos acquis obtenus par notre éducation, nos expériences, notre religion et/ou engagements politique ou social, etc.]] des situations précises. Ces dernières impliquent chez nous un jugement négatif ou positif selon que nous avons appris que telle réaction est inappropriée. Sylvie Berthoz et Gayannée Kedia (les auteurs de l’enquête) nous proposent des exemples simples. On vous montre une photo d’un enfant de moins de deux ans, sale, allongé dans la rue avec un gobelet : il s’agit d’une image émotionnelle sollicitant un jugement moral.

Avec un évident amour du genre humain, l’hebdomadaire Paris Match a décidé d’épauler La Recherche en publiant dans son numéro 2978 du 15 juin 2006 un exemple concret de désinformation.

Après un article gnangnan [[il méritait mieux qu’une soupe réchauffée servie par son ex-femme]] sur Coluche, on tombe directement sur une double page nous présentant un bébé mort, porté à bout de bras par une foule grimaçante. En gros titre : « Gaza pleure ses enfants ». Après ça, il est inutile de lire la suite car vous savez déjà sur qui il faut taper.

Néanmoins, Paris Match a conscience de nos difficultés et décide de nous aider à bien comprendre. A l’aide de suppositions et de photos bien compromettantes, l’hebdo met en exergue un coupable désigné d’avance et sans preuves puisque les faits ont prouvé le contraire. Si vous ne me croyez pas, essayez de lire l’article (en commençant par l’horrible photo) sans penser que c’est l’armée israélienne qui a fait le coup. Impossible.

Par la suite, le Hamas a désigné le Fatah comme unique coupable. Nous ne pouvons qu’espérer que dans sa grande bonté, PM nous gratifie d’un rectificatif. Non, c’est une blague et même si la rédaction acceptait de le faire il serait illisible et invisible comme tout rectificatif. Par contre on souhaite que vous n’oublierez pas d’acheter La Recherche et de lire l’article cité (c’est très bien fait et accessible à tous). Et, pourquoi pas, écrivez au siège du magazine pour que leurs journalistes sachent qu’on veut bien être pris pour des neuneux, mais que ça finit par trop se voir.

Soyons innovants, pensons par nous-même !

Adresse de Paris Match : PARIS MATCH – à l’attention de Alain GENESTA – 149, rue Anatole-France – 92534 LEVALLOIS-PERRET Cedex