Argentine, 1975. Claudio, avocat réputé et notable local, mène une existence confortable, acceptant de fermer les yeux sur les pratiques du régime en place. Lors d’un dîner, il est violemment pris à partie par un inconnu et l’altercation vire au drame. Claudio fait en sorte d’étouffer l’affaire, sans se douter que cette décision va l’entraîner dans une spirale sans fin.
Avis de Marielle
Rojo fait partie des rares films avec autant de qualités artistiques et techniques. Il débute par une scène d’anthologie, d’une violence verbale inouïe. Claudio, grand avocat argentin, attablé dans un restaurant, attend sa femme avant de passer commande. Un homme, debout, s’impatiente et le prend à partie pour qu’il libère la table. Exaspéré, Claudio obtempère, puis lui tient un discours extrêmement humiliant à très haute voix. Les conséquences de cette algarade sont tragiques, jusqu’au meurtre involontaire.
Claudio semble tout d’abord affecté par le drame, mais peu à peu ses intérêts personnels et égoïstes, sa lâcheté prennent le dessus. Il est le reflet de l’atmosphère qui règne à cette époque particulière en Argentine puisque le cinéaste choisit de situer ce drame en 1975, un an avant le retour de la dictature militaire. Il y dépeint la passivité, la corruption et le cynisme qui l’ont précédée et ont certainement accéléré son installation.
Les choix sont aussi esthétiques. Grand admirateur des cinéastes des années
Benjamin Naishtat est un jeune cinéaste (33 ans) qui fait preuve d’une grande maturité en réalisant ce film puissant, dense et âpre. Le jeu des comédiens est remarquable, avec une mention particulière pour Dario Grandinetti dans le rôle de Claudio.
On ne peut que vous encourager à aller voir ce grand film, dont le suspense parfois pesant est allégé par quelques traits d’humour noir.
Fiche technique
Sortie : 3 juillet 2019
Durée : 109 mn
Avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro
Genre : drame