Le Tour d’écrou – Avis +

Présentation de l’éditeur

Je vois encore Douglas, debout, le dos au feu, les mains dans les poches, le regard baissé sur son interlocuteur. «Jusqu’à présent, personne d’autre que moi n’en a entendu parler. C’est par trop horrible.» Plusieurs voix s’étant naturellement élevées pour déclarer que cela donnait le plus grand prix à la chose, notre ami nous regarda les uns après les autres avec un art consommé et poursuivit, ménageant son triomphe : «Cela surpasse tout. Je ne connais rien qui s’en rapproche.» Je me rappelle avoir demandé : «Rien d’aussi franchement terrifiant ?» Il eut l’air de dire que cela n’était pas si simple, de se trouver en peine de qualificatif. Il se passa la main sur les yeux et fit une petite grimace : «Rien d’aussi épouvantablement… épouvantable !» «Oh, quel délice !» s’écria quelqu’un – une femme.

Le Tour d’écrou est unanimement considéré comme le chef-d’oeuvre d’Henry James. Borges a même écrit que, selon lui, «aucune époque ne possède des romans de sujet aussi admirable que Le Tour d’écrou…» Une intrigue serrée, un mode narratif subtilement ouvragé, des personnages plus vrais que nature, une atmosphère étouffante : le fantastique rejoint le quotidien et s’impose comme une version possible de la réalité.

Pour la première fois, grâce à la magie d’une traduction réussie, l’univers de James devient directement accessible au lecteur français.

Avis d’Artemis

Cette nouvelle écrite en 1898 nous raconte l’histoire d’une jeune femme qui accepte une situation de gouvernante dans une maison de la campagne anglaise, avec deux enfants orphelins à charge. Plusieurs années après les aventures qu’elle va rencontrer dans cette campagne, elle va être chargée de l’éducation d’une autre jeune fille ; c’est le frère de cette dernière qui est le narrateur. En effet, peu avant de mourir, elle lui confia, au nom de l’amitié qui les avait liés, le récit qu’elle avait couché sur papier, de l’angoissante expérience qu’elle avait vécu des années auparavant, à Bly, dans le Hampshire.

Arrivant à Bly, dans la maison de campagne du Hampshire, elle y rencontre Mrs Groove, l’intendante, ainsi que ses nouveaux élèves : la petite Flora, et Miles, l’aîné. Ce qui la frappe lorsqu’elle rencontre ces deux enfants, c’est l’effet qu’ils produisent sur elle : elle est littéralement séduite, émerveillée, enchantée (pour reprendre les qualificatifs d’Henry James).

Mais sont-ils vraiment des anges ? Sans parler de la demeure en elle-même, qui accentue le cadre proprement fantastique dans lequel cette jeune gouvernante est plongée : c’est une vieille demeure du Hampshire, avec tours et mâchicoulis, escaliers tortueux et grandes pièces sombres et désertes.

Pour que le tableau soit complet, n’oublions pas de mentionner Miss Jessel, la gouvernante précédente, mystérieusement décédée en rentrant chez elle, ainsi que Peter Quint, le domestique personnel du « monsieur de Harley Street » lorsqu’il habitait encore au manoir.

Tout est maintenant en place pour que se déroule devant nos yeux cette histoire effrayante.

Mais d’où vient le titre ? Cette expression est employée une fois dans le texte, au tout début du prologue :
« Pour ce qui est du fantôme – ou Dieu sait quoi – de Griffin, je reconnais que le fait d’apparaître à un petit garçon d’un âge si tendre ajoute à l’histoire un accent particulier. Mais à ma connaissance, ce n’est pas la première fois qu’un enfant tombe sous le charme d’un événement de ce genre. Et si un enfant donne un tour d’écrou supplémentaire à l’effet produit, que dire alors de deux enfants ? »

Ce tour d’écrou, c’est Henry James qui le donne, avec nous et notre imagination en guise de vis ! Car l’étau se resserre, et l’angoisse monte jusqu’à la dernière ligne !

Fiche technique

Format : poche
Pages : 160
Editeur : Le Livre de Poche
Collection : Biblio Romans
Sortie : 07 octobre 1987
Prix : 5 €