Les mille et une vies de Billy Milligan – Avis +

Présentation officielle

Quand la police de l’Ohio arrête l’auteur présumé de trois, voire quatre viols de jeunes femmes, elle pense que l’affaire est entendue : les victimes reconnaissent formellement le coupable, et celui-ci possède chez lui la totalité de ce qui leur a été volé. Pourtant, ce dernier nie farouchement. Son étrange comportement amène ses avocats commis d’office à demander une expertise psychiatrique.

Et c’est ainsi que tout commence…

On découvre que William Stanley Milligan possède ce que l’on appelle une personnalité multiple, une affection psychologique très rare. Il est tour à tour Athur, un Londonien raffiné, cultivé, plutôt méprisant, Ragen, un Yougoslave brutal d’une force prodigieuse, expert en armes à feu, et bien d’autres.

En tout, vingt-quatre personnalités d’âge, de caractère et de sexe différents !

Avis de Chris

Tiré de l’histoire vraie de William Stanley Milligan, ce roman relate la vie particulière du premier cas de personnalité multiple relaxé par la Justice américaine, considéré comme irresponsable au moment des faits. Sa seule peine étant de se faire soigner, ou comme il le dira lui-même : d’être libéré. Et ce n’est pas moins d’une dizaine de psychiatres qui s’occuperont de lui, tout au long de son traitement, afin de le « fusionner à tout ses habitants ». Le chemin sera long, tortueux et il lui faudra sans cesse faire des demi-tours, mais l’espoir est toujours là, représentée par de petites situations, parfois anodines, mais tellement importantes pour lui.

Le roman de plus de 600 pages se consacre essentiellement sur l’après procès, sur son traitement psychiatrique et sur la volonté de l’auteur (il est auteur, narrateur et personnage) d’entrer dans la tête si pleine et mystérieuse de Billy. Petit à petit, le lecteur apprend à connaître les différents « habitants » sans que l’on se perde. Pourtant, ils sont nombreux, mais une petite partie d’entre eux sont le plus souvent sous les feux du « projecteur ». Ainsi, grâce à leur attitude, leur façon de s’exprimer ou leur personnalité, le lecteur les reconnaît sans problème, avant même qu’ils soient nommés.

C’est véritablement une prouesse qu’a réalisé Daniel Keyes : réussir à parler de Billy, de ses « habitants », de ses émotions face à une réalité qui lui échappe, sans s’embourber dans d’innombrables descriptions ou de s’enliser dans un marasme d’émotions pompeuses. L’écriture est donc réellement le point d’ancrage de cette histoire aussi émouvante, touchante que terrifiante. Le lecteur peut difficilement se mettre à la place de Billy, mais entrevoit tout de même son univers parfois cauchemardesque.

Néanmoins, il y a une perte de vitesse à partir du moment ou l’habitant « le professeur » prend la parole sur le passé traumatisant de Billy. On y découvre néanmoins comment les habitants se sont rendus compte de leur existence dans un corps qui ne leur appartient pas. Mais on ne comprend pas la raison pour laquelle l’auteur a choisi de changer de style du tout au tout. Il aurait été appréciable d’apprendre le passé de Billy au travers de sa psychanalyse, avec les analyses et perceptions des médecins qui l’entourent.

Ce petit pavé reste un témoignage rare que l’on peut croire réel ou non, selon l’interprétation de chacun sur le psychisme de l’être humain. Outre un aspect médical et psychologique très présent, découvrir la vie de ce jeune homme pour qui tout n’a hélas pas été rose, est très intéressant à suivre. Il ne sera pas aisé d’atteindre la dernière page, tant le morceau de vie de cet individu est lourd, mais lire ne serait-ce que le premier tiers permet d’ouvrir un horizon qui nous semble impossible à imaginer.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 640
Editeur : Le Livre de Poche
Sortie : 28 janvier 2009
Prix : 8,70 €