Quelque chose en nous de Michel Berger – Avis +

Présentation de l’éditeur

Fasciné par l’Amérique de Gershwin, la soul de Ray Charles et le rock des Beatles, Michel Berger a modernisé la musique et la chanson française en la vertébrant, à l’instar de Gainsbourg, à travers ses interprètes (France Gall, Françoise Hardy, Elton John, Johnny Hallyday), ses complices (Véronique Sanson, Luc Plamondon) et des tubes incontournables comme « Message personnel », « Musique », « Le monde est stone », « Quelque chose en nous de Tennessee », « Diego, libre dans sa tête », « La groupie du pianiste », « Il jouait du piano debout », « Ella, elle l’a », « Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux ».

Né dans la grande bourgeoisie intellectuelle parisienne (il est le fils du Pr Hamburger de l’Académie française), « Chouchou » de Salut les copains à 14 ans au coeur des années 1960, il n’a eu de cesse de prouver que les Français peuvent se joindre au concert mondial de la culture vivante, et de mélanger les genres, classique, jazz, rock, son, image, danse, théâtre, cinéma. Il y parvint notamment grâce au visionnaire et prophétique Starmania.

Ce livre retrace son itinéraire singulier, analyse son influence, à travers de nombreuses interviews et conversations qu’il a eues avec l’auteur entre 1982 et sa disparition en 1992, ainsi qu’avec Véronique Sanson et les principaux acteurs de sa carrière, Luc Plamondon (Starmania, La Légende de Jimmy), Bernard de Bosson (président de sa maison de disques), Grégoire Colart (attaché de presse), Bernard Saint-Paul (producteur de Sanson), Philippe Rault (organisateur de tous ses enregistrements), Lewis Furey (Starmania), Vanina Michel (vedette de Hair, et l’une de ses premières compagnes), etc.

Entre 1982 à 1992, Yves Bigot a souvent interviewé Michel Berger. Tous deux ont développé au-delà une relation personnelle. Ensemble, ils ont notamment participé à l’aventure de Band Aid France (Action Écoles).

Avis de Claire

De Michel Berger, on a tous quelques airs connus qui nous trottent dans la tête… Diego, Le Monde est Stone, Mademoiselle Chang, Elle jouait du piano debout… Des images aussi, de France Gall, de Véronique Sanson, de Daniel Balavoine, de Starmania[[bientôt adaptée au cinéma, cette oeuvre est devenue la comédie musicale française numéro 1, jouée dans le monde entier]], oeuvre prophétique et qui n’a pas vieilli…

Sa vie privée, on la connait peu finalement. L’homme était discret, réservé sur les siens en dehors du travail. Yves Bigot a bien connu l’artiste, il l’a beaucoup interviewé, filmé, côtoyé pendant des années. Cela laisse des traces, des réminiscences, des souvenirs tout simplement.

L’hommage à l’artiste commence par les quelques minutes où Yves Bigot apprend la mort de celui qui était presque un ami, pas un intime, mais en tout cas un complice, un interlocuteur averti. Difficile pour lui de rédiger sa nécrologie, ce qu’il va pourtant faire, avec toutes les émotions que cela engendre.

Aujourd’hui, avec cet ouvrage en forme d’hommage, c’est la vie qui prime avant tout. Michel Berger revit l’espace de quelques instants, de quelques lignes où ceux qui ont bien connu le chanteur, célèbres ou anonymes, se sont confié à Yves Bigot pour lui raconter « leur » Michel.

Une sélection de photographies témoigne des fabuleuses rencontres de l’artiste, de Daniel Balavoine à Elton John, de la tendre complicité artistique et amoureuse avec France Gall aux amitiés professionnelles qui devenaient privées.

Sur le ton de la confidence, Yves Bigot se propose d’évoquer pour nous des souvenirs très personnels, des anecdotes vécues ou qu’on lui a racontées de cet « enfant du rock » made in France, dont l’oeuvre a profondément imprégné la musique francophone, à l’instar d’un Gainsbourg ou d’un Léo Ferré.

D’origine juive néerlandaise, Michel Berger est né dans le cocon d’une famille de privilégiés, son père, Jean Hamburger, est un éminent professeur en médecine[[il a même eu comme patiente la star hollywoodienne Rita Hayworth]], élève du petit-fils de Louis Pasteur, et sa mère, concertiste émérite, descend d’une famille d’horlogers suisses.

L’une des clefs pour comprendre l’homme est sans doute la première blessure : son père, gravement malade, traverse l’épreuve avec courage, mais ne sera plus jamais le même. Il rompt avec sa famille, ne reconnaît plus ses enfants, et pire, refait sa vie en oubliant les autres.

Cet évènement est qualifié de « tsunami affectif » par Yves Bigot, le divorce de ses parents et le choc de ne plus voir son père font peu à peu de Michel Berger un être lunaire. L’autre grande blessure, bien plus tard, sera la maladie de Pauline, sa fille avec France Gall, atteinte de mucoviscidose. La réconciliation avec le père ne viendra cependant jamais.

La musique apparaît vite comme un refuge. Des rencontres déterminantes scelleront ensuite son destin. C’est toute une époque que fait revivre à travers sa biographie Yves Bigot, celle d’une explosion d’un talent inédit, celle d’un auteur-compositeur qui a marqué son temps, qui a su en restituer l’essence tout en l’inscrivant dans l’universel.

On n’est pas prêt d’arrêter d’écouter Michel Berger, jadis si attentif à son époque, trop de chansons, comme Je veux chanter pour ceux (le déracinement) ou encore Le Paradis blanc (l’écologie) ont des thèmes qui résonnent aujourd’hui plus que jamais.

Un grand monsieur !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 300
Editeur : Don Quichotte
Sortie : 10 mai 2012
Prix : 19,90 €