Va, brûle et me venge – Avis +

Présentation de l’éditeur

Dans le TER reliant Dijon à Lyon, un rabbin hante les couloirs. Depuis des semaines, il prépare l’exécution de Bonnelli, le parrain du clan corse. Le train s’arrête en gare de Mâcon, le wagon se vide, il est temps de frapper…; Et de manière spectaculaire !

Pour les flics de la BRI de Lyon, l’assassinat – dans des conditions atroces – de Bonnelli annonce le début de règlements de compte à la chaîne. Et de fait, Corses, Juifs et Turcs, qui règnent sur le milieu lyonnais, se mettent à tomber comme des mouches…

Antonia Arsanc, patronne bourrue de la BRI de Lyon, ne croit pas à une guerre des gangs… Pour elle, quelqu’un dans l’ombre tire les ficelles. Quelqu’un qui a fait de cet adage sa devise : « La vengeance est un plat qui se savoure flambé. »
Pourtant, elle accrédite cette thèse en manipulant son entourage. Mais, à ce jeu, chacun manipule chacun, sans état d’âme aucun.

Avis de Marnie

C’est bien évidemment le ton mordant et imagé de Philippe Bouin qui donne de la saveur à cette histoire de vengeance et de manipulation. qui, quelque part, ne révèle aucune surprise. L’art et la manière, soit le style, sont ici plus importants que le scénario.

En effet, l’étude de caractères est fondamentale. Philippe Bouin en rajoute en ce sens en donnant à sa quarantaine de chapitre des noms d’insectes. L’auteur dissèque un par un, ces personnages qui vont se croiser, se mêler, s’affronter ou s’entendre, entre alliances et méfiance, pourrions-nous dire !

La peine de mort ordonnée par l’Etat ou infligée par soi-même à ceux qui ont brisé votre vie… et donc la justice est au coeur du débat, que personne ne tranchera. Même si Philippe Bouin précise au début ne pas adopter précisément l’opinion de ses personnages, le ton provocateur, persifleur et grinçant souligne des idées dans l’air du temps, que l’on partage ou non. Amorale ou non, notre société évolue…

Nous retrouverons aussi l’atmosphère de certains films des années 70, orchestrés par les dialogues d’Audiard, même si ce ne sont pas les comédies policières parodiques.

Ainsi, nous ne pouvons nous empêcher de penser au Pacha, réalisé par Georges Lautner en 1968 où Jean Gabin, un commissaire de police désabusé et dégoûté, inventait un stratagème pour monter des truands les uns contre les autres et qui s’entretuaient alors sans état d’âme.

Egalement comme dans ce film, ce sont les communautés rassemblées en plusieurs clans (corses, juifs…) qui soudain représentent des microcosmes de notre société. Philippe Bouin ne présente aucune solution. Il décrit seulement un état des lieux où la police adopte des méthodes de voyous, où les truands règlent leurs comptes alors que la justice compte les points.

La seule limite à ce brillant exercice de style, c’est que les personnages parlent tous de la même façon (hormis le langage « forum » qui se veut jeune mais trop soigné pour être vrai). Nous prenons alors du recul, plus sensibles au style qu’au ressenti des individus.

Ciselé et percutant !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 280
Editeur : Archipel
Collection : Suspense
Sortie : 5 octobre 2011
Prix : 19,95 €