Le langage secret des fleurs – Avis +

Présentation de l’éditeur

Ballottée depuis toujours de familles d’accueil en foyers, Victoria Jones est incapable de communiquer ce qu’elle ressent autrement que par la violence ou l’indifférence. Elle croise un jour le chemin d’Elizabeth, qui va lui apprendre à exprimer ses sentiments grâce au langage secret des fleurs, datant de l’époque victorienne, qui traduit parfaitement ses émotions extrêmes.

A dix-huit ans, elle se retrouve à la rue et se réfugie dans un parc de San Francisco. Sa rencontre avec Renata, une fleuriste qui va la prendre sous son aile, lui fait prendre conscience de son formidable pouvoir : celui d’aider les autres à communiquer leurs sentiments les plus profonds à travers des bouquets savamment composés…

Avis de Marnie

Abandonnée dès sa naissance, Victoria a pris un mauvais départ dans la vie. A dix ans, elle a déjà à son actif 32 placements dans des familles d’accueil qui, au pire, l’ont maltraitée et au mieux ont fait preuve d’indifférence, lui laissant de graves séquelles psychologiques. Totalement repliée sur elle-même, la petite fille fait preuve de violence verbale ou physique sans aucun état d’âme. Sa rencontre avec Elizabeth, une viticultrice, va marquer sa jeune vie de façon indélébile.

Si j’écris que c’est le langage des fleurs qui va permettre à Victoria de se réinsérer à petits pas fragiles dans la société, cela serait dénigrer ce bouleversant récit qui fait preuve de justesse, de finesse et d’intelligence lorsqu’il s’agit de montrer l’évolution de l’adolescente, qui comme la plupart des enfants abandonnés se croit, profondément et avec désespoir, indigne d’être aimée.

Voici donc le premier roman d’un jeune auteur elle-même, mère de famille d’accueil, ce qui apporte au sujet une touche d’authenticité qui approfondit cette histoire. Ce réalisme souvent difficile, et même quelques fois sordide contraste avec les envolées poétiques, lorsqu’il s’agit pour Victoria d’exprimer des sentiments, ce qu’elle ne peut faire qu’à travers le langage des fleurs, tant la cuirasse autour de son coeur est solide.

Vanessa Diffenbaugh construit son roman comme un thriller. Le lecteur sait qu’il est survenu un drame qui a empêché l’adoption de la petite fille mais ignore les tenants et aboutissants. A l’aide de tous petits chapitres alternatifs (soit Victoria à 10 ans et le présent, Victoria à 18 ans), racontés par la jeune fille elle-même, nous entrons dans un univers contradictoire fait de haine et d’amour, sentiments éprouvés par cette écorchée vive, à fleur de peau, incapable de gérer la moindre émotion.

L’intelligence de ce roman – et donc de l’auteur – c’est d’avoir su éviter le misérabilisme comme le pathos. Victoria aura fait quelques mauvaises rencontres dans sa toute jeune existence, bien plus que beaucoup d’enfants, mais ses souffrances seront « seulement » psychologique. Elle sera aussi chaleureusement et tendrement aidée par nombre de personnes assez patientes et compréhensives pour ne pas s’offusquer de ses rebuffades et qui deviendront les piliers de son existence.

Le langage des fleurs que notre héroïne utilise pour exprimer ses sentiments, ses attentes, ses doutes et ses interrogations, écrit sous l’époque victorienne, s’intègre harmonieusement au récit et apporte la douceur et la paix qui lui manquaient. Pour sa première tentative, Vanessa Diffenbaugh fait preuve d’une étonnante maîtrise et de bien peu de maladresses.

Le style est soigné, le vocabulaire plus poétique qu’imagé. La passion sous-jacente est perceptible à peine cachée par une Victoria frustrée d’être toujours celle qui fuit, celle que l’on renvoie, celle qui est simple spectatrice de l’existence des autres…

Une très jolie histoire, bouleversante, qui se découvre au final très optimiste et qui réchauffera les coeurs les plus endurcis !

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Presses de la Cité
Sortie : 12 mai 2011
Prix: 20,50 €